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de la mer sous d’énormes palétuviers ; mais le sable était brûlant,
la chaleur accablante , et nous nous décidâmes à prendre à travers
les bois. Malheureusement l’herbe verte cachait un marais
fangeux où nous enfoncions jusqu’aux genoux ; nous eûmes toutes
les peines du monde à-nous en dépêtrer , et force nous fut de
revenir sur nos pas en traversant le village. L’orang-kaya était assis
sur sa porte : nous avions une soif ardente ; le drôle ne nous offrit
pas un verre d’eau. Indigné d’un pareil procédé , je fis signe
à un Malais de grimper sur un cocotier à peu de distance de
nous et de nous jeter quelques noix. Celui-ci ne se fit pas prier :
l’orang-kaya protestait ; il tâchait de nous faire entendre que ces
cocos, que nous avalions avec tant de plaisir, étaient sa propriété.
Quand nous nous fûmes largement désaltérés, nous lui jetâmes
une roupie : c’était dix fois la valeur de ce que nous lui avions
pris. Cet homme était un véritable coquin ; pendant notre séjour
à Warou, il a tâché de nous friponner par tous les moyens possibles.
A quelques pas de sa case , nous trouvâmes un charmant
petit édifice : c’était un assez vaste bâtiment en bambou, surmonté
d’un toit à plusieui's étages se terminant en flèche comme
un petit clocher. Tous ces petits toits étaient superposés avec
assez d’art ; ils étaient supportés les uns au-dessus des autres par
des petites colonnettes de bois sculptées d’un à deux pieds de hauteur,
de manière à ce que l’air put pénéti'er dans l’intérieur de
Tédifice. Ils paraissaient être inclinés à 45 degrés , de manière
que la pluie ne puisse pas y entrer. De loin tous ces toits se confondaient
en un seul : il fallait être assez près pour les apercevoir.
A Tintérieur, nous ne trouvâmes qu’une grande salle nue,
dont le plancher en terre battue était couvert de nattes. C’était
la mosquée ; ses angles saillants étaient décorés de serpents , de
dragons, de gorgones, d’un assez beau travail.
Ce sont les forêts de Céram qui produisent ces belles tables
d’une seule pièce qui faisaient notre admiration à Amboine
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J’en ai vu de forme ellipsoïdale de plus de dix mètres de circonférence
sur trois à quatre de diamètre. Elles sont tirées du
bas de la tige d’arbres gigantesques. On coupe Tarbre à quinze
ou vingt pieds au-dessus du sol, puis on le scie dans sa longueur,
ou plutôt dans le sens des côtés les plus larges. On obtient ainsi
des tables véritablement étonnantes. Le bois est d’une belle couleur
rouge, admirablement veiné’.
Un joli sentier nous conduisit, à travers des marais presque
entièrement desséchés , dans un champ nouvellement défriché et
entouré d’une haie composée de magnifiques touffes de bambous
Sous leur ombrage était bâtie une jolie petite case. Nous y entrâmes
pour demander de Teau, et le plus hideux spectacle s’offrit
à nos yeux : nous étions tombés au milieu d’une famille de
lépreux. Elle se composait du père , de la mère, de deux enfants
en bas âge et d’une jeune fille de seize à dix-sept ans. La pauvre
fille, bien faite, jolie même pour une Malaise, avait un sein
rongé d’ulcères ; les autres habitants de la case étaient entièrement
défigurés ; le chef de cette malheureuse famille était dans
un état effroyable. Nous quittâmes ces infortunés, le coeur serré,
leurlaissant toutes les babioles que nous avions emportées comme
objets d’échange. Ces malheureux n’étaient pas accoutumés à voir
compatir à leurs maux , et ils nous témoignèrent leur reconnaissance
par les gestes les plus expressifs.
( M. Demas. )
Note 35, page 178.
Telle est Thorreur des habitants de Warrou pour le cochon:
qu’il nous suffisait pendant notre déjeuner de leur présenter un
morceau de viande , en le nommant babi, pour les faire fuir à
cent pas. En revanche ils buvaient très-volontiers le vin et Teau-
de-vie ; ils nous en demandaient souvent, trqp souvent même ,