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 forêt d’une  admirable  verdure  sert  à encadrer  la vue  
 pittoresque des habitations,  et la végétation active de  
 cette petite ile contraste singulièrement avec les flancs  
 brûlés du Gounong-Api qui la touche ,  et dont le sommet  
 ,  déchiré par les  éruptions  volcaniques,  est constamment  
 surmonté  d’un  panache  de  fumée.  Tout  
 autour  de  ces  deux  iles  s’étend,  en  demi-cercle,  
 l’île Lonthoir ou  grande Banda,  q u i,  médiocrement  
 é levée,  est littéralement  couverte  d’arbres  fruitiers. 
 Trois passes conduisent au mouillage ; deux sont  limitées  
 d’un  côté  par la grande  Banda ;  elles sont larges  
 et  faciles.  La troisième  sépare le Gounoug-Api de  
 Banda-Neira,  m a is,  étroite  et  sinueuse,  elle  est  encore  
 embarrassée  par  des  bas-fonds  qui  la  rendent  
 très-difficile,  quoique  praticable.  La  rade  est  assez  
 animée  :  outre  les trois corvettes de guerre le Triton,  
 tAstrolabe  et  la Zélée ,  deux  beaux  trois-mâts,  deux  
 bricks  et  une  grande  quantité  de  koro-koros malais,  
 aux  formes bizarres,  s’y balancent  sur  leurs ancres.  
 La  présence  du  gouverneur  a  aussi  amené  dans  le  
 port une foule de petites embarcations de l’île Céram. 
 A  huit  heures  du  matin,  tous  les  navires mouillés  
 sur  la  rade  hissent  les  couleurs  néerlandaises,  
 lorsque  nous  saluons  le  pavillon hollandais de  vingt  
 et  un  coups  de  canon,  qui  nous  sont  rendus  coup  
 pour  coup.  Je  reçois  ensuite  la  visite  de M.  le  gouverneur  
 de  Stuers,  accompagné  du  résident.  Nos  
 corvettes  le  saluent  de  treize  coups  de  canon,  qui  
 nous sont rendus aussitôt son arrivée à terre ; puis chacun  
 de nous prend son  essor.  Toutes  les observations  
 marchent  de  front.  Il  n’y  a  que  quelques  jours  que  
 nous  avons quitté Amboine,  où  nous  avons  pu  nous  
 procurer  toutes  les  provisions  dont  nous  avions  besoin; 
   aussi nos achats dans cette colonie seront de peu  
 d’importance ;  de  la viande  fraîche  pour l’équipage ,  
 voilà tout  ce  que  je  demande  au  gouverneur.  M.  de  
 Stuers  est un homme de cinquante  ans  environ ;  ses  
 manières sont très-polies et on ne peut plus agréables ;  
 il s’exprime  parfaitement  en  français,  et  je  me  féliciterai  
 toujours  des  instants  pleins  de  charmes  que  
 j ’ai  pu passer auprès de lui. Nous sommes encore sous  
 l’impression de toutes les politesses,  de  tous  les bons  
 procédés  dont  nous  avons  été  l’objet  à  Amboine ;  
 à Banda, nous retrouvons bien vite  cette  cordialité et  
 cette  hospitalité  hollandaise  que  tous  les  voyageurs  
 ont  su si bien apprécier ; dès  notre  arrivée  au mouillage  
 ,  nous  sommes  reçus  avec  le  même  entraînement  
 ,  le  même  dévouement  affectueux de la  part de  
 toutes les  autorités de  cette petite  colonie. 
 Dès  aujourd’hui,  M.  de  Stuers s’est empressé d’enrichir  
 nos  collections  d’histoire  naturelle  de  deux  
 échantillons  rares et précieux ;  d’un doiigon  péché de  
 la  veille  et  encore  vivant,  et  d’un  petit  kangourou  
 noir d’une  forme très-agréable,  mais  dont  probablement  
 nous ne pourrons rapporter  que  les  dépouilles  
 au jardin  botanique  de Paris, malgré tout mon désir  
 de le  conserver  vivant pour augmenter  la ménagerie  
 royale.  En prenant terre sur Banda-Neira,  sur  un joli  
 petit  débarcadère  garni  d’un  hangar  ou  cale  cou