1839. (le la mer s’étend la ville , qui regarde la rade; une
forêt d’une admirable verdure sert à encadrer la vue
pittoresque des habitations, et la végétation active de
cette petite ile contraste singulièrement avec les flancs
brûlés du Gounong-Api qui la touche , et dont le sommet
, déchiré par les éruptions volcaniques, est constamment
surmonté d’un panache de fumée. Tout
autour de ces deux iles s’étend, en demi-cercle,
l’île Lonthoir ou grande Banda, q u i, médiocrement
é levée, est littéralement couverte d’arbres fruitiers.
Trois passes conduisent au mouillage ; deux sont limitées
d’un côté par la grande Banda ; elles sont larges
et faciles. La troisième sépare le Gounoug-Api de
Banda-Neira, m a is, étroite et sinueuse, elle est encore
embarrassée par des bas-fonds qui la rendent
très-difficile, quoique praticable. La rade est assez
animée : outre les trois corvettes de guerre le Triton,
tAstrolabe et la Zélée , deux beaux trois-mâts, deux
bricks et une grande quantité de koro-koros malais,
aux formes bizarres, s’y balancent sur leurs ancres.
La présence du gouverneur a aussi amené dans le
port une foule de petites embarcations de l’île Céram.
A huit heures du matin, tous les navires mouillés
sur la rade hissent les couleurs néerlandaises,
lorsque nous saluons le pavillon hollandais de vingt
et un coups de canon, qui nous sont rendus coup
pour coup. Je reçois ensuite la visite de M. le gouverneur
de Stuers, accompagné du résident. Nos
corvettes le saluent de treize coups de canon, qui
nous sont rendus aussitôt son arrivée à terre ; puis chacun
de nous prend son essor. Toutes les observations
marchent de front. Il n’y a que quelques jours que
nous avons quitté Amboine, où nous avons pu nous
procurer toutes les provisions dont nous avions besoin;
aussi nos achats dans cette colonie seront de peu
d’importance ; de la viande fraîche pour l’équipage ,
voilà tout ce que je demande au gouverneur. M. de
Stuers est un homme de cinquante ans environ ; ses
manières sont très-polies et on ne peut plus agréables ;
il s’exprime parfaitement en français, et je me féliciterai
toujours des instants pleins de charmes que
j ’ai pu passer auprès de lui. Nous sommes encore sous
l’impression de toutes les politesses, de tous les bons
procédés dont nous avons été l’objet à Amboine ;
à Banda, nous retrouvons bien vite cette cordialité et
cette hospitalité hollandaise que tous les voyageurs
ont su si bien apprécier ; dès notre arrivée au mouillage
, nous sommes reçus avec le même entraînement
, le même dévouement affectueux de la part de
toutes les autorités de cette petite colonie.
Dès aujourd’hui, M. de Stuers s’est empressé d’enrichir
nos collections d’histoire naturelle de deux
échantillons rares et précieux ; d’un doiigon péché de
la veille et encore vivant, et d’un petit kangourou
noir d’une forme très-agréable, mais dont probablement
nous ne pourrons rapporter que les dépouilles
au jardin botanique de Paris, malgré tout mon désir
de le conserver vivant pour augmenter la ménagerie
royale. En prenant terre sur Banda-Neira, sur un joli
petit débarcadère garni d’un hangar ou cale cou