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 1830. 
 Mai. donnait un aspect  des  plus risibles.  La  coutume  exigeait  
 qu’elle  tînt  ses  yeux  constamment  fermés,  ou  
 du moins ils étaient  tellement baissés ,  que  l’on pouvait  
 croire  qu’ils  étaient  fermés.  Chez  elle  tous  les  
 mouvements étaient  réglés par l’étiquette ;  deux matrones  
 ,  placées  à  ses  c ô té s,  veillaient avec  soin  à  ce  
 que toutes ses poses fussent conformes au  cérémonial  
 usité.  Au  besoin  ces  surveillantes  redressaient  rudement  
 la tête de la  pauvre mariée,  lorsqu’elle n’occupait  
 point  la position exigée.  Ses mouvements étaient  
 tellement  lents,  que  je  m’aperçus  à  peine  qu’elle  
 marchait.  Ses  bras  restaient  pendants ;  ses  mains,  
 embarrassées  dans  sa  r ob e ,  ne  se  levaient  un  peu  
 que  devant  le  seuil  de  chaque  porte  qu’elle  devait  
 franchir  :  c’était  presque  là  le  seul mouvement  qui  
 marquât  la  vie  dans  cet  automate.  Deux  orchestres  
 bruyants occupaient les deux  extrémités  du  cortège ,  
 et  nous  assourdissaient  du  bruit  des  gongs,  des  
 tam-tams,  et  du  cri  aigu  des  flûtes. 
 '( On ni assura que toute  la journée devait être employée  
 par  les  époux,  à  parcourir  la  ville  dans  cet  
 appareil,  et à visiter leurs  amis. La mariée  ne devait  
 acquérir  le  droit  de  s’asseoir  à  la  nuit  sons  le  toit  
 conjugal,  qu’après  un  jour entier  de  souffrances  et  
 d ennui.  Vers  dix  heures,  tout  le  cortège  rentra  
 dans  la  demeure  de la mariée ,  pour  laisser passer  la  
 grande chaleur et se  reposer.  Je  le  suivis  jusque-là ;  
 j’aperçus,  dans le  vestibule ,  des  tables dressées dans  
 le même  ordre que  l’avant-veille.  Il y  en  avait  une  à  
 cinq places,  occupée par  les mêmes  personnages  qui 
 s’y  étaient assis lors  de  la première visite  de  l’époux.  
 Seulement,  cette fois-ci,  chacun  de ces cinq convives  
 eut  une part  aux largesses  de  la mariée ;  car  chacun  
 d’eux  reçut  d’e lle ,  par  l’intermédiaire  d’un  enfant  
 remplissant  les  fonctions  de  page,  un  petit  billet  
 de  papier  de  couleur  rose,  et  qui,  autant que  j’en  
 pus  juger,  contenait  quelques  pièces  d’argent.  A  
 droite  et  à  gauche  de  cette  table  exceptionnelle,  je  
 remarquai d’autres  tables oû  s’assirent sans façon  les  
 assistants. 
 « On m’assura q u e ,  dans la soirée ,  tout le  cortège  
 devait se  remettre  en route avec le même cérémonial  
 et  ne  quitter les  époux  que  lorsqu’ils  seraient entrés  
 dans la maison du marié.  La chaleur était suffocante ;  
 nous  devions  remettre  à  la  voile  le  lendemain  de  
 grand matin,  et il me  restait  quelques  préparatifs  à  
 faire avant de reprendre la mer : je renonçai  à voir  la  
 promenade  conjugale  du  soir,  et je  ralliai  le  bord.  » 
 Avant  de  quitter  ce  mouillage,  je  résumerai  en  
 peu de mots  les  caractères  saillants  de  la  population  
 qui  l’habite.  Elle  paraît  très-mélangée  :  on  y  rencontre  
 des Javanais, des Bouguis, enfin tous  les  types  
 malais.  Ce  ne  sont point  là  les habitants  primitifs de  
 Makassar;  les  indigènes  de  l’intérieur,  que  l’on  désigne  
 sous  le  nom  de  Harfours  ou Alfouras,  furent  
 repoussés  loin  des côtes  par  la  nation entreprenante  
 et  belliqueuse  c{ui  forma  les  grandes  souverainetés  
 de  Goa,  Boni,  e tc ....  Plus  tard,  lorsque  les  Européens  
 se  présentèrent  sur  les  côtes  que  ces  conquérants  
 avaient  envahies,  ils  durent  à  leur  tour  céder 
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