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 la journée elles explorèrent tout le fond de la baie sans,  
 trouver  une  aiguade.  Elles  avaient b ien ,  il  est v ra i,  
 trouvé une  assez grande  rivière ,  mais  on  ne  pouvait  
 franchir  sa barre  qu’à  la mer  haute,  et  ensuite  bien  
 qu’elles  eussent  remonté  son  cours  pendant  plus  
 d’un mille,  elles  n’avaient  trouvé qu’une  eau  bourbeuse  
 et  saumâtre. 
 Je  savais  que  les Anglais,  après  avoir  cherché  à  
 former un  établissement  sur la  presqu’île Melville,  y  
 avaient renoncé  pour  venir essayer  de  s’établir  à  la  
 baie Rafles, qu’ils  avaient ensuite évacuée au bout de  
 deux  ou  trois  années.  Cependant  du  mouillage  rien  
 n’indiquait  où  devait  être  situé  cet  établissement,  
 partout  le  rivage  présentait  une  ligne  uniforme.  A  
 dix  heures, je m’embarquai  dans  ma  baleinière  avec  
 M.  Jacquinot,  afin  d’aller explorer  la baie  et rechercher  
 le  point  où  s’était  assis  le  comptoir  anglais.  A  
 peine  avions-nous  fait  à  peu près  un  mille  et  demi  
 dans  le  S.-E.  du  mouillage,  que  nous  aperçûmes  
 un  pan  de  muraille  encore  debout  qui  vint  lever  
 tous  nos  doutes  sur  le  point  que  nous  cherchions.  
 Nous  prîmes  terre  sans  apercevoir  aucun  vestige  
 de  débarcadère,  mais  la mer  est  tellement  paisible  
 que  les  embarcations  peuvent  sans  aucun  danger  
 accoster  la  c ô te ,  sous  de  très-grands  arbres  qui  entretiennent  
 un  air de  fraîcheur  au  so l,  et  qui  font  
 contraste avec  l’aspect général de la terre.  Puis  nous  
 distinguâmes un espace débarrassé  d’arbres  et  entièrement  
 couvert  par  de  grandes  herbes.  Ce  dut  être 
 remplacement  du  fort,  mais  il  n’en  reste  plus  de  
 vestiges,  seulement  nous  aperçûmes  les  ruines d’un  
 mur  très-épais,  que  je  suppose  être  celles  d’une  
 poudrière.  Nous  vîmes  encore  quelques  débris  sur  
 remplacement probable d’une ancienne  forge,  et  un  
 puits  d’eau  saumâtre.  Quant  aux  plantations  q u e ,  
 d’après leurs récits, les Anglais y avaient laissées, nous  
 en  cherchâmes  vainement  des  traces,  tout avait disparu. 
   Sans  aucun  doute,  les naturels  ont  fait de fréquentes  
 visites  à  ce  lieu après  le  départ des  Anglais,  
 et  ils ont  dû  hâter  puissamment  la  destruction  de  
 ce  qui  pouvait  y  rester;  quelques  tombes  qu’une  
 simple  barrière  de  bois  était  destinée  à  protéger  
 contre  la  fureur  des  sauvages  n’avaient  pu  échapper  
 à  leurs  investigations.  Les  clous  qui  avaient  
 servi à  sceller  les  bières,  avaient  été  l’objet  de  la  
 convoitise  des  naturels,  qui  n’avaient  pas  craint  
 de  remuer  des  cadavres  pour  s’approprier  ces  objets. 
 Après  avoir  reconnu  toutes  ces ruines,  nous  nous  
 disposions  à parcourir  les  environs,  lorsque nos canotiers  
 vinrent nous prévenir que plusieurs  naturels  
 s’étaient réunis près  de nos embarcations.  Nous nous  
 hâtâmes  aussitôt de  regagner le rivage où  nous trouvâmes, 
   en  effet,  sept sauvages groupés autour de nos  
 canots.  Ils  étaient  entièrement  nus  et  sans  armes,  
 comme  les  habitants  du  port  du  roi  Georges  que  
 j’avais  vus  dans  ma  dernière  campagne ;  leur  peau  
 était noire,  leurs membres grêles,  et leur ventre très-  
 gros.  Il  est  difficile  de  voir  une  nature plus repous- 
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 Pl.  CXVII.