P l. CXXIII.
de maisons, dont deux ou trois étaient fort grandes.
Je crus d’abord que j’étais au village appelé Wang-
Habil, auquel appartenait la pirogue qui était venue
nous visiter dans la matinée, mais les habitants que
nous consultâmes'nous apprirent que Wang-Habü
se trouvait beaucoup plus dans le nord; et que
leur village était entièrement chrétien. Ils nous
montrèrent une église assez grande et mieux bâtie
que celles que nous avions déjà vues dans les
villages de l’île Wama; enfin, ils nous conduisirent
chez le maître d’école. Nous le trouvâmes au lit,
souirraiit horriblement d’une inflammation d’entrailles
et incapable de nous donner aucun renseignement.
Nous nous hâtâmes de prendre congé de lui
pour le laisser en repos.
Nous avions aperçu, en mettant le pied sur la
plage, quelques débris de murailles encore debout,
recouvertes par des lianes de toute espèce ; nous dirigeâmes
nos pas de ce côté-là, et bientôt les ruines
que nous découvrîmes ne nous laissèrent plus aucun
doute sur l’emplacement de l’établissement
que la compagnie des Indes hollandaises avait
fondé sur ces îles à l’époque de la révolution française
, et qu’elle abandonna quelques années après.
Le fort est encore assez bien conservé. Il se compose
de murailles épaisses en assez bon état et
de plusieurs bâtiments en partie bien conservés,
suffisamment vastes pour pouvoir y loger le gouverneur
de la colonie et sa garnison. Deux portes
servaient aux communications de la citadelle, l’une
vers la mer, l’autre vers fintérieur des terres. Le
fronton de cette dernière est surmonté d’une plaque
en fonte, enchâssée dans la pierre, sur laquelle
se trouve une inscription hollandaise, portant
la date du 13 mai 1793. Cette forteresse est
encore en bon état, les naturels ont respecté ces
marques de la domination hollandaise, et ils se servent
des bâtiments pour abriter des bestiaux. Un
puits creusé dans l’intérieur du fort, à peu de
profondeur, donne encore aujourd’hui de feau excellente,
il est aussi parfaitement conservé. Aux
alentours nous pûmes remarquer encore plusieurs
ruines de maçonnerie, et entre autres un mur
très-épais ayant une longueur de plus de trente
mètres. Il e sta présumer que cette muraille s’étendait
tout autour de la v ille , et formait un rempart
suffisant pour mettre ses habitants à fabri
d’un coup de main tenté par les naturels de f in térieur.
Plusieurs sentiers aboutissaient à ces ruines, nous
en suivîmes un qui nous conduisit dans fintérieur.
Nous pûmes profiter de notre promenade pour faire
une ample récolte d’insectes et de plantes. Parmi celles
ci j’en remarquai une grande quantit éque j’avais
déjà trouvées autrefois au havreDom sur la Nouvelle-
Guinée. Une foule d’oiseaux faisaient entendre leurs
cris au-dessus de nos têtes ; mais la forêt était tellement
épaisse qu’il nous était très-difficile de les voir.
Enfin, nous regagnâmes le rivage oû nous trouvâmes
de nombreuses coquilles, et nous atteignîmes
1839.
A v ili.
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