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 Mai. 
 23. 
 lendemain;  je  profitai  de  cette  circonstance  pour  
 visiter  la ville  en  détail  ainsi  que  les  environs,  avant  
 d’aller m’asseoir  à la  table  du gouverneur. 
 A  l’heure  où  la  forte  chaleur  de  la  journée  est  
 tempérée  par  les  brises  du  soir,  je  descendis  à  
 terre  avec  M.  Jacquinot;  ainsi  que  nous  l’avait  
 promis  la  veille  M.  Bousquet,  nous  trouvâmes  une  
 voiture  qui  nous  attendait  sur  la  plage;  nous  y  
 primes place  et  nous  nous  dirigeâmes  vers  la  campagne. 
   Perpendiculairement  au  rivage,  on  voit  
 une  belle  allée  d’arbres  sur  le  bord  de  laquelle  
 se  trouve  la  maison  du  gouverneur  ;  nous  la  sui-  
 vimes  d’abord  ,  et  nous  ne  tardâmes  pas  à  nous  
 trouver devant  le  cimetière  de  la  ville.  C’est  un  e space  
 clos par des murailles de deux mètres d’élévation,  
 et  entièrement  isolé de  toutes  les  habitations;  nous  
 y remarquâmes quelques beaux monuments funéraires, 
  parmi lesquels plusieurs recouvraient les cendres  
 d’anciens gouverneurs morts à leur poste à Makassar ;  
 mais  nous ne  vimes nulle  part ni fleur,  ni  couronne,  
 ni  souvenir  récent  d’un  parent,  d’un  ami,  venant  
 donner  un  souvenir  à  ceux  qui  dorment  pour  toujours  
 dans  ce  champ  de  repos.  Nous  quittâmes  ce  
 lieu  pour  reprendre  notre  promenade  à  travers  
 les  champs.  La  campagne,  dans  les  environs  de  
 Makassar,  est  couverte  de  rizières  et  de  pâturages,  
 au milieu  desquels paissent  de  nombreux  troupeaux  
 de  moutons  et  de  buffles;  ceux-ci  fournissent  la  
 viande  de  boucherie  dont  se  nourrissent  généralement  
 les habitants de  la ville.  Toutefois,  son  goût est 
 bien  moins  savoureux  que  celui  de  nos  boeufs  ;  ces  
 derniers animaux n’ont été importés à Makassar qu’avec  
 beaucoup de  difficultés ; l’espèce en est encore peu  
 répandue,  et ils sont  exclusivement destinés à l’usage  
 des Européens.  Chaque semaine  on en  abat un,  et  on  
 fait  passer dans  toutes  les maisons  hollandaises  une  
 liste où  chacun  s’inscrit d’avance  pour la  quantité de  
 viande  qu’il  désire  acheter.  Quant  aux  cochons,  il  
 répugne  aux  naturels  ,  qui  sont  tous mahométans  ,  
 d’en  élever;  mais  ils paraissent  être  très-nombreux  
 à  l’état  sauvage ,  si  on  en juge  par  les traces  de  leur  
 passage  à  travers  les  rizières, qui  étaient  en  grande  
 partie dévastées par eux. Les habitants de Célèbes possèdent  
 en outre  une  très-grande quantité de volailles,  
 et les jardins qu’ils  cultivent donnent  en  abondance  
 plusieurs espèces  de  légumes  d’Europe,  qu’ils  vendent  
 à  très-bon marché. 
 L’aspect de la campagne  de Makassar  est  des  plus  
 riants;  au milieu des rizières,  du  reste mal  entretenues  
 ,  et des  pâturages qui  couvrent  le  sol  s’élèvent  
 de  beaux bosquets  d’arbres  majestueux ,  et  qui  servent  
 la plupart du  temps  à  couvrir  de  leur  ombre de  
 petits  villages malais.  Si  les  routes  praticables  pour  
 les  voitures  sont  encore  peu  nombreuses  et  en  général  
 mal entretenues,  la plaine  se  trouve sillonnée  
 par un  grand  nombre  de  petits  sentiers  bien  battus,  
 et  qui  conduisent  d’un  village  à  l’autre.  On  y rencontre  
 des marais  peu  profonds,  et  qui  pourraient  
 être  employés  utilement,  surtout pour  la  culture du  
 riz;  il  faut  se  mettre  dans  l’eau  pour  les traverser,