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3 839.
Mai.
23.
lendemain; je profitai de cette circonstance pour
visiter la ville en détail ainsi que les environs, avant
d’aller m’asseoir à la table du gouverneur.
A l’heure où la forte chaleur de la journée est
tempérée par les brises du soir, je descendis à
terre avec M. Jacquinot; ainsi que nous l’avait
promis la veille M. Bousquet, nous trouvâmes une
voiture qui nous attendait sur la plage; nous y
primes place et nous nous dirigeâmes vers la campagne.
Perpendiculairement au rivage, on voit
une belle allée d’arbres sur le bord de laquelle
se trouve la maison du gouverneur ; nous la sui-
vimes d’abord , et nous ne tardâmes pas à nous
trouver devant le cimetière de la ville. C’est un e space
clos par des murailles de deux mètres d’élévation,
et entièrement isolé de toutes les habitations; nous
y remarquâmes quelques beaux monuments funéraires,
parmi lesquels plusieurs recouvraient les cendres
d’anciens gouverneurs morts à leur poste à Makassar ;
mais nous ne vimes nulle part ni fleur, ni couronne,
ni souvenir récent d’un parent, d’un ami, venant
donner un souvenir à ceux qui dorment pour toujours
dans ce champ de repos. Nous quittâmes ce
lieu pour reprendre notre promenade à travers
les champs. La campagne, dans les environs de
Makassar, est couverte de rizières et de pâturages,
au milieu desquels paissent de nombreux troupeaux
de moutons et de buffles; ceux-ci fournissent la
viande de boucherie dont se nourrissent généralement
les habitants de la ville. Toutefois, son goût est
bien moins savoureux que celui de nos boeufs ; ces
derniers animaux n’ont été importés à Makassar qu’avec
beaucoup de difficultés ; l’espèce en est encore peu
répandue, et ils sont exclusivement destinés à l’usage
des Européens. Chaque semaine on en abat un, et on
fait passer dans toutes les maisons hollandaises une
liste où chacun s’inscrit d’avance pour la quantité de
viande qu’il désire acheter. Quant aux cochons, il
répugne aux naturels , qui sont tous mahométans ,
d’en élever; mais ils paraissent être très-nombreux
à l’état sauvage , si on en juge par les traces de leur
passage à travers les rizières, qui étaient en grande
partie dévastées par eux. Les habitants de Célèbes possèdent
en outre une très-grande quantité de volailles,
et les jardins qu’ils cultivent donnent en abondance
plusieurs espèces de légumes d’Europe, qu’ils vendent
à très-bon marché.
L’aspect de la campagne de Makassar est des plus
riants; au milieu des rizières, du reste mal entretenues
, et des pâturages qui couvrent le sol s’élèvent
de beaux bosquets d’arbres majestueux , et qui servent
la plupart du temps à couvrir de leur ombre de
petits villages malais. Si les routes praticables pour
les voitures sont encore peu nombreuses et en général
mal entretenues, la plaine se trouve sillonnée
par un grand nombre de petits sentiers bien battus,
et qui conduisent d’un village à l’autre. On y rencontre
des marais peu profonds, et qui pourraient
être employés utilement, surtout pour la culture du
riz; il faut se mettre dans l’eau pour les traverser,