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 Avril. Quelques oiseaux de paradis  garnis de  leurs flancs,  
 rapportés  la  veille  par  nos  chasseurs,  avaient  augmenté  
 l’ardeur  de  nos  oificiers;  aussi chacun se  hâta  
 d’aller  pour  la  dernière  fois  essayer  d’abattre  quelques 
 uns de  ces  superbes  oiseaux. 
 Je  dirigeai  ma promenade  vers l’aiguade où je collectai  
 encore  quelques  beaux  insectes,  puis,  faisant  
 mes adieux à  ces belles forêts  où j’avais fait des courses  
 si agréables,  je rentrai  à bord sur les trois heures.  
 J’y trouvai mon ami Anguin qui m’apportait quelques  
 échantillons  d’insectes  et  de  coquilles, je  le  récompensai  
 ,  sur  sa  demande,  par  un  verre  de vin  que je  
 lui  iis donner,  puis je le  congédiai en le renvoyant au  
 lendemain  pour  lui  délivrer  le  certificat  qu’il  m’avait  
 demandé  pour  s’en  servir  auprès des  capitaines  
 qui  nous  succéderaient dans  la  rade. 
 A six heures du soir les deux grands canots rentrèrent. 
   M. Marescot, en faisant son travail, avait touché  
 à la plage deSibouna-Bessi,- là il avait trouvé un groupe  
 d’une  dizaine  de  sauvages armés de lances,  d’arcs  et  
 de  flèches.  Ils parurent  très-efffayés  à l’approche de  
 nos marins,  ils étaient occupés à  ramasser  les cocos,  
 ils en  offrirent à nos matelots qui  déjà en avaient ramassé  
 plus  de  150 sur les autres îles.  Le grand  canot  
 de  la  Zélée  avait  de  son  côté  parcouru  toute  la côte  
 orientale  de  la baie Triton.  Il  avait  trouvé  un  petit  
 bassin parfaitement  fermé par  une  bande  de  petites  
 îles et  où  les  eaux  étaient parfaitement  tranquilles.  
 Sur ses  bords  nos matelots  visitèrent  un  village  d’où  
 s’élevaient  de  nombreuses  fumées.  En  l’approchant 
 ils aperçurent très-distinctement sur la plage  un animal  
 dont le  pelage  était  noir,  mais  qui  présentait  
 toutes  les  apparences  d’un  chien  dont  il  avait  les  
 formes et  la  taille ;  il  rôdait  sur la plage et  paraissait  
 peu  effrayé  de  l’embarcation  qui  se  dirigait  sur  lui.  
 Nos  gens étaient presque à portée de fusil de lu i,  lorsqu’il  
 prit la fuite dans  la forêt.  Le village était  désert;  
 il se composait d’une dizaine de cases qui  avaient  été  
 abandonnées parleurs habitants effrayés de l’approche  
 de nos gens.  Le plateau sur lequel ii était assis paraissait  
 peu étendu ;  on  y  remarquait  quelques cocotiers  
 et  quelques  bananiers.  Quant  aux  habitations,  elles  
 étaient  composées  de  trois  ou  quatre  piquets  fichés  
 en  terre  sur  lesquels  reposaient  des  traverses  horizontales. 
   La  toiture  qui  s’appuyait  sur  ces  traverses  
 était tellement  basse,  qu’il  fallait  ramper  pour  pénétrer  
 dans  l’intérieur  de  l’édifice.  A  en juger par  
 l’aspect  que  présentaient  ces  misérables  cahutes,  
 on  ne  pouvait  avoir  une  haute  idée  de  l’industrie  
 des  naturels  ;  la  toiture  était  formée  par  des  
 feuilles  de  cocotier  jetées  sans  art  les  unes  sur  les  
 autres;  des  feuilles  éparses  servaient  aussi  d é lit ;   
 quelques  poteries  d’une  origine  évidemment  européenne  
 composaient tout le mobilier;  les feux  étaient  
 encore  allumés,  et  des  milliers  de  fourmis  se  disputaient  
 déjà  les  quelques  coquilles  que  les  naturels  
 avaient  réunies  pour  leur  repas  ,  et  que  dans  
 leur  précipitation  ils  avaient  abandonnées  pour  
 fuir  dans  la  forêt.  Deux  pirogues  remarquables  par  
 leurs  formes  élégantes  et  gracieuses  étaient  halées