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 M.  Bremer  est  enthousiaste  de  sa  colonie ;  il  la voit  dans dix  
 ans rivalisant avec Timor,  Je crois  plutôt qu’elle  aura le sort de  
 Rafles et que les navires qui  viendront y mouiller  dans  quelques  
 années  auront  de  la peine  à  en  retrouver  les  traces. 
 A cinq heures nous étions tous  réunis à la table deM. Bremer ;  
 il  avait  mis  toute  la  colonie  à  contribution  pour  nous  traiter  
 splendidement.  Si  nous  en  avions  été réduits  à  cela,  nous  eussions  
 couru  risque  de  faire  piteuse  chère  ,  mais  grâce  à  de  
 bonne  viande  de  buffle,  un  superbe dindon,  et  d’excellentes  
 volailles  provenant de  Timor,  le  tout  assaisonné  de  vieux  vin  
 de Sauternes et de Bordeaux ,  nous fîmes  un  charmant dîner. 
 Il  est impossible  de  recevoir  une  plus  cordiale  hospitalité. 
 11  y a  soixante  ans  une  autre Astrolabe assistait, comme nous  
 le  faisions  aujourd’hui  ,  à  la  fondation  d’une  colonie.  Cette  
 Astrolabe était  celle  de  notre  brave  et  infortuné Lapeyrouse,  et  
 la colonie, Port-Jackson aujourd’hui l’une des villes les plus  florissantes  
 de  cette  partie  du  monde.  Nous  avons porté  de  coeur  
 un  toast  à  la  nouvelle  cité ,  lui  souhaitant  un  aussi  rapide accroissement  
 qu’à la brillante  colonie de  l ’Australie,  et meilleure  
 chance  et heureux  retour en  France à  la  noxixeWe Astrolabe. 
 {M.  Demas.) 
 Note  20 ,  page  107. 
 D’après ce que me disaient les Anglais  à Essington,  ils rêvaient  
 déjà  d’immenses  plantations  de  coton,  un  commerce  régulier  
 avec toutes  les Moluques  et  ,  malgré  leurs  demi-dénégatioiîs,  
 l ’espérance de partager  un  jour avec  les Hollandais  le  riche négoce  
 des épices.  Il eût été cruel de chercher à enlever à de jeunes  
 fondateurs  les  songes  dorés  d’un  bel  avenir,  aussi  j’abondais  
 dans  leur  sens.  D’ailleurs  qui  s a it,  tous  ceux  qui  ont vu poser  
 la  première  pierre  de Port-Jackson ,  ne s’attendaient  certes  pas 
 à voir, vingt-cinq  ans après, sortir du milieu des vastes solitudes  
 de  l ’Australie  méridionale,  une  ville  dont  la  renommée  et  le  
 commerce  se  répandraient  dans  les  quatre  parties  du  monde  
 connu. 
 Sans  jamais,  selon m o i,  réussir  à Essington  comme  à  Port-  
 Jackson, je  crois pourtant  que les  Anglais pourront donner une  
 certaine  importance à leur nou velle création. La ville deVictoria  
 deviendra sans doute une échelle  intermédiaire et commode pour  
 les  navires de  toutes les nations qui se  rendent de l’Australie méridionale  
 dans  les Indes  orientales.  La  navigation du détroit de  
 l’Endeavour,  jusqu’alors peu suivie, sera encouragée  par le  voisinage  
 rapproché d’un  havre,  où  le  navigateur  sera  certain de  
 rencontrer  aide  et  secours en  cas de naufrage, ravitaillement en  
 cas de besoin.  Un  grand nombre de bâtiments baleiniers ou autres, 
   qui  ne  trouvent  qu’un  ancrage  dispendieux etsouventre-  
 fusé dans les possessions hollandaises des Moluques,  se rendront  
 volontiers dans un port où ils se verront accueillis favorablement,  
 et où ils pourront, pour leurs marchandises ou leur argent, obtenir  
 les objets dont ils auront besoin. 
 Que maintenant  les Anglais parviennent  à mettre  la nouvelle  
 ville  à l’abri de tous les embarras que lui susciteront nécessairement  
 les Hollandais,  ils rallieront à eux quelques îles des Moluques, 
   soit par espérance  d’un meilleur avenir, soit par la crainte,  
 et  alors une partie  du  rêve créateur  serait réalisée ;  alors la co -  
 Ionie d’Essington, improductive par elle-même, pourrait devenir  
 un vaste entrepôt d’échange dans lequel la population de la zone  
 torride  viendrait donner  ses  perles,  ses  nacres ,  ses  épices ,  ses  
 bois  de  senteur  et  de  teinture,  pour  les  produits  des  manufactures  
 de  Port-Jackson,  d’Hobart-town,  pour le  tripang  qui,  
 en  raison du  voisinage  de  la  source,  deviendrait  un monopole  
 britannique ,  que  des  bâtiments  croiseurs  assureraient sur  tous 
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