f il
M frvfî
;■
' : ‘ - !
rfl;
furent démontés et rapportés, ainsi que les chaudières,
sur les bateaux qui se préparèrent à appareiller
; à huit heures du soir, ils avaient hissé leurs voiles
et ils sortaient de la baie.
« Tant que les pêcheurs malais avaient séjourné sur
ITTot de l’Observatoire, j’avais été peu inquiété par les
sauvages. Ceux-ci rôdaient autour des chaudières
où cuisait le poisson, profitant des débris rejetés par
les pêcheurs, ou bien ils finissaient par obtenir, à
force de supplications, quelque nourriture de la générosité
de ces étrangers. Après leur départ, ils vinrent
de nouveau mendier autour de nous : à la vue d’une
galette de biscuit que leur montra un de mes hommes,
et sur sa demande, ils se mirent tous à chanter à la
fois. Le concert était peu harmonieux, et leur chant
n’avait aucun caractère particulier. On y retrouvait
ces sons que les sauvages tirent du gosier et qui
font mal à entendre, car ils semblent constamment
peindre les souffrances de celui qui les produit. Enfin
, comme s’ils avaient voulu nous donner un échantillon
de tous leurs talents, plusieurs se mirent à
danser. Leur danse ne présentait rien non plus de
bien remarquable : ils frappaient fortement la terre
avec l’un de leurs pieds en agitant leurs bras dans
tous les sens. Leur vue était hideuse, leur corps
entièrement nu laissait voir les tatouages en relief
qu’ils se font en pratiquant de larges incisions
que vient ensuite recouvrir un bourrelet de chair.
Leurs épaules et leur poitrine étaient couvertes de
ce singulier ornement; je remarquai que ces sauvages
avaient cherché à imiter, au moyen du tatouage
, les épaulettes et les galons qu’ils ont vus sur
les uniformes des officiers anglais, lorsque ceux-ci
occupaient le poste, aujourd’hui abandonné, de la
baie Rafles.
«Ilétait tout à fait nuit lorsque enfin les sauvages
s’éloignèrent de la tente pour aller, comme la
veille, s’accroupir sur le sable autour d’un feu allumé.
Je pensais qu’ils s’étaient fixés là pour y passer
la nuit; mais lorsqu’ils virent les praos malais s éloigner
du mouillage, ils se hâtèrent, à ma grande joie,
d’abandonner l’île pour regagner la Grande-Terre. »
Pendant les deux jours que les Malais avaient passés
au mouillage, je n’avais point voulu envoyer les
hommes de l’équipage à terre : je redoutais surtout
les rixes et les accidents qui peuvent résulter du
contact de nos marins avec les habitants du pays.
Tous les travaux étant terminés, je profitai pour envoyer
une bordée sur l’îlot de l’Observatoire, du dernier
jour que nous devions passer à ce mouillage.
Le soir tous nos préparatifs furent faits pour l’appareillage.
Dès le lendemain au matin, pendant que les grands
canots allaient chercher nos observateurs restés à
terre et tout le matériel de l’observatoire, nos corvettes
avaient relevé leurs ancres et déployé leurs
voiles. Le petit sloop anglais venait de mouiller de
nouveau sur rade ; mais en nous voyant appareiller,
il se hâta de faire comme nous, et de sortir de la baie
en même temps que nos corvettes. Sa mission était