1839.
Avril.
CHAPITRE XLV.
Mouillage et séjour au havre Dubus dans la baie Triton (Nouvelle-
Guinée). Traversée de la baie Triton au havre Warou (île Ceram).
La vigie signala la terre aussitôt que les nuages
s’élevèrent et laissèrent l’horizon libre devant nous.
Elle se présentait sous la forme d’un piton élevé et
isolé comme une île au milieu de la mer. Les calmes
avaient succédé à la plu ie , et nous étions presque
immobiles malgré les courants rapides des marées,
dont la rencontre produit ces longues lignes d’écume
que déjà nous avions remarquées lors de notre premier
passage devant la côte de la Nouvelle-Guinée. De
nombreux débris de végétaux arrachés à la plage,
soit par la mer, soit par les grands cours des rivières,
se trouvaient réunis dans ces lits de marée, et une
foule d’oiseaux de mer venaient y chercher leur
nourriture.
Nous eûmes peu de peine à reconnaître ces rivages
que nous avions perdus de vue depuis peu de
temps. La montagne qui nous servait de point de
reconnaissance ne tarda pas à laisser voir son pied
entouré d’une terre basse et boisée, au milieu de laquelle
s’ouvre le canal, qui, d’après des renseignements
nouveaux, sépare la Nouvelle-Guinée en deux
parties, en allant communiquer avec la vaste baie
de Geelwinck. Contrariés par les calmes, il fallut deux
jours encore à nos corvettes pour atteindre la limite
des pointsque nous avions déjà reconnus. A l’est de
l’île Adi s’ouvre un golfe immense sur le pourtour
duquel se trouve l’entrée de la baie Triton. Un groupe
nombreux d’îles, courant parallèlement à la côte de
la Grande-Terre, s’étend entre ce golfe et le canal
dont il a été déjà question. Uile Jidoumea, l’une
des plus grandes de cette ceinture, forme l’entrée
méridionale de la baie Triton, qu’il est facile de
reconnaître à une suite de petits îlots , faisant suite
à l’île Aidoumea, et à deux petites roches noires
qui élèvent leur tête au-dessus de l’eau à une petite
distance de ces îles. 11 était onze heures du matin
lorsque nos corvettes donnèrent dans la baie , poussées
par une faible brise qui leur permit à peine de
refouler le courant.
La baie Triton est vaste et profonde, de tous côtés
son rivage semble formé par des terres élevées qui
tombent à la mer par des pentes rapides et bien boisées.
Ses eaux sont toujours tranquilles, les vents
ne sauraient y produire de grandes agitations. Quelques
îlots sont groupés sur plusieurs points de cette
belle baie, à laquelle viennent aboutir plusieurs canaux,
formés par la Grande-Terre et les îles qui
1839.
Avril,
23
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