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 «Ces hommes  connaissaient  l’argent, mais  ils n’en  
 comprenaient point la  valeur; une piastre avait,  il est  
 vrai, pour eux plus d’attrait qu’une roupie, mais uniquement  
 parce  que  la pièce était  plus grande  et plus  
 belle.  Ils  préféraient  de  beaucoup  deux  pièces  représentant  
 une  roupie  à  une piastre  dont  cependant  
 la  valeur  était  bien  plus  grande.  Nous  n’aperçûmes  
 chez  eux  aucune  pièce  de  monnaie;  il  est  probable  
 qu’ils ne font aucun usage de  celles  qu’ils peuvent se  
 procurer,  mais ils recherchaient l’argent parce qu’ils  
 savaient qu’au camp malais  ils  pourraient  l’échanger  
 facilement  contre  des  armes et des  étoffes qu’ils  estiment  
 beaucoup.  Ces  hommes  s’assirent  tranquillement  
 autour de  nous  pendant  que  nous  déjeunions ;  
 leur  conduite  était  très-réservée ;  sur  leur demande  
 nous  leur  donnâmes  un  morceau  de  biscuit  qu’ils  
 nous  avaient  vus  manger,  mais  ils  ne  l’eurent pas  
 plus tôt mis sous leurs dents  que  stupéfaits de sa  dureté  
 ils  le rejetèrent. Si notre passage  dans cette malheureuse  
 tribu  a  laissé  des  souvenirs  un  peu  durables  
 parmi ces  habitants, je  ne doute  pas  que  dans  
 quelques années les vieillards qui  nous  auront vus ne  
 transmettent à leurs enfants cette histoire  singulière ,  
 que  pendant  leur  jeunesse  des  étrangers  sont  venus  
 s’asseoir sous leurs cabanes, et qu’ils avaient les dents  
 si  dures  qu’ils mangeaient  des  pierres  avec  facilité. 
 « Il serait difficile de définir quelle peut être la nourriture  
 de ces malheureux ; nous parcourûmes  en vain  
 toutes  leurs  demeures,  nous  n’y  rencontrâmes  rien  
 si  ce  n’est quelques  débris de  coquilles. Tout  autour 
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 du  village  nous  ne  vîmes  aucun  sentier  battu  indiquant  
 des  communications  avec  d’autres  tribus.  La  
 voie  que  nous  avions  prise  pour y  parvenir  semblait  
 être  la  seule  par  laquelle  on  pouvait  arriver  à  ce 
 village sauvage. 
 «  Avant  de  nous  quitter  le  chef  voulut  nous  
 montrer  son  adresse,  il  banda  son  arc,  il  y  plaça  
 une  flèche ,  et  immédiatement  il  l’envoya  dans  le  
 tronc  d’un  arbre  à  la  distance  de  vingt  pas.  Puis  
 il  nous  pria  de  tirer  un  coup  de  fusil  en  visant  le  
 même  but ;  une  feuille  de  papier  fut placée  à  cette  
 distance  et bientôt  elle  fut  couverte  par  une  charge  
 de  plomb.  Les  indigènes  l’admirèrent  longtemps,  la  
 retournant  en  tous  sens  comme  pour  en  compter  
 les  trous,  puis  le  chef  s’en  saisit  et  l’emporta  en  
 poussant  des  cris  d’admiration.  Ce  furent  là  nos  
 adieux;  lo r sq u e   nous  songeâmes  au dé part,une  
 des  pirogues  qui  se  trouvaient  sur  le  rivage  venait  
 de  passer  près  de  nous,  montée  par  trois  femmes.  
 En  voyant notre  embarcation  suivre  la même  route ,  
 les  naturels  du  village  se mirent  à  pousser  des  cris  
 destinés  sans  doute  à prévenir  ces  femmes  de  notre  
 approche,  car  à  quelques  pas  de  là  nous  rencontrâmes  
 la  pirogue  vide,  et  nous  aperçûmes  ces  
 malheureuses  qui  étaient  descendues  dans  l’eau,  
 au  milieu  des  palétuviers,  se  cachant  derrière  les  
 arbres.  Elles  étaient  occupées  à  ramasser  dans  la  
 vase  des  coquillages  qui devaient  servir  au  repas  du  
 village;  nous  ne  cherchâmes  point  à  les  troubler  
 dans  leurs  occupations  domestiques,  et  continuant