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et plusieurs morceaux d’étoffes malaises. J’étais
suivi par plusieurs matelots; je leur défendis de
rien déranger dans cette habitation, et je me retirai
paisiblement. Je revins sur mes pas pour
prendre un sentier qui s’embranchait sur celui
que je venais de parcourir; il me conduisit, après
une demi-heure de marche, sur le bord de la rivière
à une assez grande distance de son embouchure.
Elle est large et rapide; ses bords sont envahis
par des arbres immenses, qui souvent doivent
être entraînés par son courant. Les eaux en
sont bourbeuses. Ce fut la limite de ma promenade;
je revins ensuite sur mes pas en faisant la
chasse aux insectes, qui sont nombreux et très-variés.
Les papillons surtout se font remarquer, non-seulement
par leur nombre, mais aussi par leurs couleurs
riches et tranchées, et par les grandes dimensions
qu’ils atteignent. Rien n’est majestueux
comme les belles forêts de la Nouvelle - Guinée.
Le pied des arbres est assez dégagé; l’épaisse toiture
de leur feuillage empêche tout rayon de soleil
de pénétrer jusqu’au s o l, qui conserve une fraîcheur
délicieuse et une humidité qui augmente encore
sa fécondité ; mais des milliers de lianes, dont plusieurs
paraissent chargées de fruits d’une apparence
trompeuse, entourent les troncs et rendent difficile la
marche dans la forêt. Nulle part, je crois, les arbres
n’atteignent des hauteurs pareilles; aussi les oiseaux
de paradis de toute espèce, les callaos, les perroquets
et une foule d’autres oiseaux magnifiques pouvaient
impunément s’ébattre dans leur feuillage, d’où
ils nous étourdissaient de leurs cris sauvages; nos
fusils ne pouvaient les atteindre, la hauteur des
arbres de la forêt ne permettait pas au plomb le
plus fort d’arriver jusqu’à eux. Malgré leur ardeur,
nos chasseurs ne rapportèrent que bien peu de ces
riches plumages qui étaient si enviés, ils purent
tuer quelques oiseaux de paradis, mais presque
tous n’avaient pas les plumes qui en font toute la
beauté.
J’avais destiné la journée du lendemain à remonter
la rivière pour en suivre le cours, mais la
pluie vint à tomber par torrents, sans nous laisser
de repos que pendant quelques éclaircies d’un temps
toujours incertain. Le vent soufflait avec violence
du sud-sud-est, et j’étais atteint de douleurs de goutte
très-aiguës; je dus remettre ma partie au lendemain
et garder le bord pendant toute la journée. J’y fus
visité par quelques naturels, de ceux dont la pirogue
nous avait accostés la veille. Ils nous apportèrent quelques
coquilles et entre autres une grande quantité
de celles dites oreilles de Midas, dont le débit était
toujours, assuré parmi nos matelots conchyliologistes.
Ces hommes paraissaient inoffensifs et même prévenants.
Ils montrèrent, dans leurs modestes marchés,
assez de bonne foi; ils paraissaient habitués
depuis longtemps à trafiquer avec les Européens. Je
désirais en conserver un à mon bord pour qu’il me
servît de guide le lendemain dans ma reconnaissance
de la rivière, mais je ne pus y décider aucun d’eu x ,
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