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 devant la supériorité des armes et la persévérance des  
 hommes  du Nord.  Vaincus,  ils  se  soumirent :  la  politique  
 prudente  et  éclairée  des  Hollandais  vis-à-vis  
 des  peuplades  soumises,  acheva  ensuite  de  consolider  
 leur domination.  Cependant rien ne prouve mieux  
 combien ces  peuples  conservèrent leurs  idées d’indépendance  
 et leurs  vertus  guerrières ,  que les  précautions  
 dont  les  Européens  s’entourent  encore  aujourd’hui  
 pour  mettre  leurs  vies  et  leurs  propriétés  à  
 l’abri d’un  coup de main  de  la  part  de  leurs  sujets.  
 Dans  leur  ville,  ils  n’admettent  d’autres  habitants  
 que des Européens et des Chinois :  ceux-ci,  étrangers  
 comme  les Hollandais,  attirés sur  ces terres dans un  
 môme  but  d’intérêt,  prendront  toujours  parti  pour  
 les  Européens  contre  une  attaque  des  naturels,  qui  
 compromettrait  tout  aussi  bien  les  richesses  amassées  
 par  les  Chinois  que  les  marchandises  amoncelées  
 dans  les  magasins  hollandais.  Le  fort  Rotterdam  
 a  été  construit dans  le  double  but  d’arrêter  
 toute  tentative  d’agression  de  la  part  des  indigènes  
 ,  et  de  défendre  la  colonie  contre  une  invasion  
 étrangère. 
 Les  habitants  de Makassar  passent  pour  être  naturellement  
 très-fiers,  très-hautains  ,  et  souvent  
 même arrogants. M.  Bousquet,  à  qui je  dois  ces  observations  
 sur  leur  caractère,  me  raconta  à  ce  sujet  
 qu’un jou r ,  son prédécesseur,  voyageant seul et sans  
 domestique,  pria  un  homme  du peuple  de  tenir  son  
 cheval  pendant  qu’il  descendrait  pour  parler  à  un  
 orang-kaya  (chef).  Cet homme le  regarda avec  un  air 
 de fierté,  et V apostropha en ces ter mes: Mot aussi, f a i   
 un  cheval;  puis  il  lui  tourna  le  dos  et  continua  sa  
 route,  sachant très-bien que le voyageur qui lui avait  
 demandé ce  petit  service  était le  gouverneur en  personne. 
   Aussi,  M.  Bousquet  ajoutait-il,  que  lui  ne  
 marchait jamais sans une  escorte. 
 Le  chifîre  de  la  population  totale de  l’ile Célèbes  
 ne  s’élève  pas  au  delà  de  2,A00,000  habitants ;  telle  
 est, du m o in s, l’estimation  qui me fut  transmise par  
 M.  Bousquet.  Dans la  province  de  Boni,  la Hollande  
 compte A00,000 sujets,  dépendant immédiatement de  
 son  gouverneur;  les  autre  habitants  de  Célèbes  sont  
 gouvernés  par  leurs  krains  (sultans)  respectifs.  Rien  
 n’est  plus  simple  que  le  rouage  gouvernemental  à la  
 ftjiveur  duquel  les Hollandais  étendent  leur domination  
 sur  cette  grande  terre.  Au  moyen  d’une  rente  
 annuelle  qu’ils  payent  aux  sultans,  ils  se  sont  créé  
 des alliés d’autant plus dévoués,  que  leur intérêt dépend  
 de  leur  attachement.  Ils  n’ont  acheté  que  les  
 plus  puissants,  ceux  qui pouvaient  les menacer  dans  
 leurs établissements.  Quelques  postes militaires  leur  
 servent  à  les  surveiller,  de manière  que  les  traités  
 qui  les  lient  à  la Compagnie  soient  toujours  fidèlement  
 exécutés.  Au  moyen  de  ces  traités,  les Hollandais  
 se  sont ménagé  tout  le  commerce,  en  un mot  
 tous les avantages, et même ils se sont réservé une influence  
 toujours prépondérante dans l’administration  
 des  souverains  indépendants.  Les  sujets  de  la  Hollande  
 sont  gouvernés  par  quelques  résidents  européens, 
   ayant sous  leur  contrôle des chefs du pays,  au