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 Il m’assure que  les  tribus  qui  habitent  l’intérieur  
 des  terres  sont  nombreuses,  et  que  le  pays  produit  
 en  abondance  des  patates,  des  ignames,  des  bananes  
 et  des  papaies  pour  les  nourrir.  Les  naturels  
 n’ont  point  de volailles,  les cochons  n’existent  qu’à  
 l’état  sauvage,  et  ils  sont  abondants  dans  la  baie  
 où  il  est  très-difficile  de  les  attraper  à  cause  des  
 fourrés  à  peu  près  impénétrables  où  ils  trouvent un  
 refuge. 
 Les  habitants  de  l’ile Ceram  conduisent fréquemment  
 leurs  embarcations  sur  ces  rivages ;  ils  viennent  
 y  chercher  des  oiseaux  de  paradis,  des  nia-  
 nucodes,  des  tripangs  et  des  coquilles;  mais  les  
 habitants  du  pays se  tiennent constamment en garde  
 contre  eux;  il  paraît  que  souvent  les  malheureux  
 Papous,  victimes  de leur confiance,  ont été  enlevés  
 par  les  étrangers  pour  aller  vivre  dans  l’esclavage. 
 J’avais  fait  servir  à Anguin  un  verre  de  vin  qu’il  
 avait  bu  d’un  seul  trait  en  homme  qui  savait  apprécier  
 cette  boisson,  bien qu’il  se  dise mahométan.  
 Je  lui  promis  de  lui  en  donner  une  bouteille  s’il  
 m’apportait  des  insectes  et  des  coquilles,  et  enfin,  
 je  lui montrai  un  fusil  et  la  coquille  vide  d’un  Nau-  
 tilus,  en  lui  annonçant  que  je  lui  ferais  présent  de  
 cette  arme,  s’il parvenait  à me  trouver  une  coquille  
 comme  celle que je  lui  désignais,  pourvu  qu’elle  fût  
 garnie  de  l’animal vivant. Mais après  l’avoir bien examinée, 
  mon ami fapou me rendit ma coquille  d’un air  
 piteux en m’assurant qu’elle était tout à fait inconnue 
 dans  la  baie.  Puis,  sur ma  demande,  il  se mit  à me  
 donner  les  noms  du  pays. 
 Il  nomma  Andouma,  la  grande  île  qui  limite  à  
 l’est  l’entrée  de  la  baie et que  nous  appelions Aidoumea, 
   sur la  foi des Hollandais.  11 m’assura,  en outre,  
 que  cette  île  était  habitée  par  des  tribus  nombreuses  
 et  méfiantes,  qui redoutent  de  venir  à  bord  
 des  navires,  craignant  les  mauvais  traitements  et  la  
 captivité. 
 H  désigna  sous  le  nom  de  Lamen-Schiri  la  haute  
 montagne  qui  domine  le  village.  Le  lieu  de  notre  
 aiguade s’appelle Lorembo, d’après Anguin et son compagnon  
 Weiss.  Le  plateau  sur  lequel  était  assis  l’é tablissement  
 hollandais,  Wama-Rouni;  la  rivière,  
 Soungoun-Walar',  le  lieu  où  se  trouvent  quelques  
 cultures au nord de  la  pointe du mouillage,  Sibouna-  
 Bessi. 
 Enfin, je voulus faire  compter mon Papou,  et  aussitôt  
 il me  d it,  en  désignant  ses  doigts  les  uns  après  
 les  autres :  1  samassi,  2  ronai,  3  tor,  A  fal,  b  r im ,  
 6  rim-samassi,  7  rim-ronai,  8  rima-tor,  9  rim-fal,  
 10  foulcha,  ce  qui  indique  chez  eux  une  numération  
 évidemment  quintenaire. 
 Je  prenais  plaisir  à  faire  causer Anguin  ;  sur  sa  
 demande,  je  lui  avais  fait  donner  une  bouteille  de  
 vin  dont  il  faisait  fréquent  usage,  je  m’aperçus  
 bientôt  de  son  effet  sur  la  tête  de  mon  Papou,  et  
 pour  me  débarrasser  de  son  babil  fatigant,  je  le  
 congédiai. 
 Enfin  la  pluie  a  cessé,  tous  nos  hommes  ont 
 1839. 
 Aviil.