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 M a l. 
 son s,  disséminées  sur  une  grande  étendue ,  ne  présentaient  
 nullement l’aspect d’une capitale. Rien n’aurait  
 pu  nous  faire  reconnaitre  non  plus  dans  la  case  
 qui nous fut désignée comme étant  celle que  le sultan  
 habitait,  le  palais  d’un  puissant  prince  de  Célèbes.  
 Comme toutes les autres habitations qui composaient  
 le  village,  la  maison  du  sultan  était  construite  en  
 bambous  et  en bois  de sagoutier ;  elle ne  comportait  
 qn’un  seul  é tage,  élevé  sur  pilotis  ;  seulement  1 é-  
 chelle  qui sert ordinairement d’escalier aux cases des  
 naturels  avait été  remplacée par  un pont  de  bambou  
 en  forme de  plan  incliné.  Nous  fûmes  reçus  par  le  
 régent ;  il  nous  accueillit  avec  une  politesse  pleine  
 de  dignité,  au  nom  de  son  fils  q u i,  étant  malade,  
 n’avait pu nous recevoir lui-même. 
 Les lois ou plutôtles coutumes del’île Célèbes accordent  
 aux  femmes  les mêmes  droits qu’aux hommes ;  
 c’est  là une  anomalie frappante chez des peuples mahométans  
 ,  dont la  religion  assigne  un  rôle  si  infime  
 au sexe féminin.  Du reste,  cette anomalie s’étend  ailleurs  
 que  dans  l’ordre  politique ;  car  à  Célèbes  les  
 femmes paraissent  être  avec les hommes  presque sur  
 un  pied  d’égalité ;  e t ,  sous  ce  rapport,  le  peuple  de  
 Makassar  paraît être bien  supérieur  aux  autres  Malais. 
  Quoi  qu’il en  soit,  le  roi  de Goa  tient son  autorité  
 de  sa  mère  par  suite  de  son  abdication ;  son  
 père  n’a  conservé  que  le  titre  de  régent  ;  mais  il  
 est  resté le  souverain de fait :  car  son fils,  trop  jeune  
 encore  pour  gouverner  lui-même,  est  resté  sous  la  
 tutelle  de  son  p è r e ,  qui  a  continué  de  gérer  exnil 
 clusivenient  son royaume  avec  beaucoup  de  sagesse. 
 Nous  fûmes introduits  dans  une  grande salle  assez  
 mal meublée,  mais  parfaitement disposée  pour y entretenir  
 des courants d’air qui y  apportent une bonne  
 fraîcheur.  Nous  prîmes  place  autour  d’une  longue  
 table à  côté  du  régent.  Celui-ci  était entouré  de  ses  
 panguems  ( princes ),  qui remplissaient auprès  de  lui  
 les  fonctions  de  pages  et  de  domestiques.  Les  sujets  
 du sultan de Goa regardent encore comme une grande  
 marque  d’honneur  d’être  appelés  à  servir  leur souverain  
 et maître.  Ces  hommes,  comme  tous  les  naturels  
 de  cette  partie de Célèbes, se distinguaient des  
 autres  races malaises par  la blancheur  de leur peau ,  
 leur  taille  élevée,  et  une  supériorité  physique  remarquable; 
   leurs  traits  annonçaient  aussi  une  intelligence  
 supérieure. 
 Après  nous avoir  fait  servir  du  thé à  la mode  hollandaise  
 ,  le  régent  nous montra  avec  orgueil  quelques  
 médailles qui lui avaient été  envoyées par  le roi  
 des Pays-Bas,  son  allié ;  ensuite  il  nous  fit  voir  sa  
 bibliothèque, composée de quelques manuscrits écrits  
 dans la langue parlée aujourd’hui à Makassar,  et dans  
 l’ancien  idiome,  qui  a  des  rapports  intimes  avec  le  
 sanscrit.  L’antique  civilisation  des  Indous avait  certainement  
 pénétré  dans  cette île bien  avant le mahométisme  
 ;  on  en  retrouverait probablement les traces  
 non-seulement  dans  les  manuscrits,  dans  les  lois  
 écrites,  mais  encore  dans  les  monuments  encore  
 existants  ,  et  qui  seraient  aujourd’hui  un  sujet  
 curieux  d’études pour  im  antiquaire.  Le  régent  nous 
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 Mai. 
 li.l