sonnelles. Le gouvernement hollandais exerce une
grande surveillance sur les débits d’opium ; il exige
que le nom de chaque individu qui en achète soit inscrit
sur un registre tenu par le débitant, et chaque
jour ce registre est présenté au fiscal chargé de la
police. »
Les femmes elles-mêmes ne craignent pas de se
mêler à ces réunions d’hommes , pour partager
avec eux les délices de la fumée de l’opium. Aussi,
la démoralisation, chez les Malais, est-elle à son
comble ; c est du moins ce que tend à prouver le
grand nombre de femmes, souvent très-jeunes,
q u i, le soir, dans les rues et sur la plage, venaient
tendre la main pour se prostituer. N’est-ce pas là,
chez un peuple mahométan, une de ces anomalies
qui indiquent une profonde immoralité? On m’a assuré
que toutes ces malheureuses appartenaient à la
race malaise, et que les femmes bouguis étaient
beaucoup plus réservées; cette assertion m’a paru
fondée.
J ai déjà dit que f ile Célèbes se terminait, à la
mer, par une plaine des plus fertiles et couverte en
partie de cultures et de pâturages. Dans l’intérieur
s’élèvent de hautes montagnes, couvertes de forêts
séculaires. Au milieu des arbres qui les recouvrent,
on retrouve, dit-on, le cèdre, le chêne, l’érable,
1 ébène, enfin le sandal, devenu rare aiijonr-
d h u i, parce qu’il a été exploité sans que l’on ait
jamais pensé à le reproduire. Célèbes produit, en outre
, tons les arbres des tropiques ; l’arbre à pain y
est peu abondant, mais il y croit très-facilement et il
devient chaque jour une précieuse ressource pour les
habitants du pays.
M. Bousquet m’a assuré qu’il n’existait pas de
bêtes féroces dans file . Les naturels paraiss'ent redouter
beaucoup les sapi-outang, espèce de vache
particulière, qui attaque l’homme et le poursuit à
outrance. Le rivage de la mer est souvent fréquenté
par les crocodiles, qui sont fort dangereux ; mais il
parait que les véritables hôtes des forêts sont les sangliers
et les cerfs, qui y sont très-nombreux. Les naturels
leur font cependant une chasse opiniâtre. Au
moyen d’hameçons, qu’ils tendent d’une manière
particulière, ils en capturent beaucoup, qu’ils apportent
ensuite sur les marchés. M. Bousquet m’assura
que, dans une chasse qu’il avait faite, il y avait
environ dix-huit mois, on tua plus de quatre cents
cerfs de toutes grandeurs, mais, dans ce nombre,
trente seulement furent tués à coups de fusil ; tous
les autres furent pris par les naturels, au moyen de
lacets et d’hameçons. Guidé par cette bienveillance
qui ne nous fit jamais défaut, pendant tout le temps
de notre relâche, M. Bousquet aurait désiré organiser
une partie de chasse où tous les officiers auraient pu
prendre part, mais le jour du départ était déjà arrivé;
j’étais pressé d’arriver à Batavia, et je voulais
remettre à la voile sur-le-champ.
Le soir, j’allai faire mes adieux à M. Bousquet et à
sa famille ; il était pénible pour moi, pour nous tous,
de quitter des amis à peine créés d© la veille, mais à