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1830.
Mars.
santé ; la race des habitants de l’Australie est sans
contredit la plus laide de toute l’Océanie. En nous
apercevant, ils ne montrent ni crainte ni surprise;
une seule pensée les préoccupe, celle que nous pouvons
leur donner quelque morceau de biscuit pour satisfaire
leur faim. Et en effet, ils ne nous approchent
que pour demander; à toutes nos questions, à tous
nos signes, ils ne répondent que par les quelques
mots anglais very good bread, et ils frappent en
même temps sur leurs ventres, ou bien ils montrent
leurs dents et leurs mâchoires ouvertes, afin d’être
mieux compris. Un instant, pendant que je leur
nomme Miagou, Momnou , et d’autres chefs de
tribu dont je leur demandai des nouvelles, ils paraissent
m’accorder quelque attention et même éprouver
quelque satisfaction d’entendre des noms qui
leur sont connus, mais ils recommencent ensuite à
nous demander à manger avec plus d’instance, et ils
ne cessent leurs gestes que pour avaler les quelques
galettes de biscuit que je leur fais distribuer. Puis
étant parvenu à leur faire comprendre que j’emmènerai
avec moi les deux principaux d’entre eux lorsque
je retournerai à bord, ils vont tranquillement
s’étendre sous un casuarina, où ils nous attendent
pendant que nous allons parcourir les alentours
de l’établissement.
Notre promenade fut de courte durée, le terrain bas
et uniforme de la plage est couvert par une vaste forêt,
la végétation y paraît languissante ; le parcours de la
forêt est facile, car les troncs d’arbres y sont peu
nombreux, et sur ce sol sablonneux on ne rencontre
que bien rarement ces Immenses faisceaux de lianes
qui dans les pays tropicaux que nous venons de parcourir,
s’élancent du pied de chaque arbre vers les
sommets des branches, pour redescendre ensuite
et former ces mille guirlandes qui embarrassent le
promeneur. Les oiseaux y sont nombreux, nous
pûmes remarquer plusieurs variétés de perruches aux
couleurs les plus variéès. Nulle part nous ne vîmes
de traces d’habitations ; le sol est presque littéralement
couvert par des fourmis très-grosses dont la
piqûre est douloureuse. De distance en distance on
rencontre d’immenses ruches en terre glaise de
3 à A pieds de hauteur, construites par ces insectes
industrieux, et malheur au promeneur imprudent
qui vient se reposer dans leur dangereux voisinage.
D’un autre côté l’air est obscurci par une foule innombrable
d’insectes qui rendent ce séjour on ne peut
plus désagréable. C’est surtout sur le bord de la mer,
au milieu des palétuviers qui garnissent une partie de
la plage et vers les lieux un peu marécageux que les
mouches et les moustiques se rencontrent en plus
grande abondance. Poursuivis par ces hôtes ennuyeux
qui malgré tous nos soins nous tourmentaient par
leurs piqûres et accablés par la chaleur suffocante
dont les feuilles des arbres de la forêt ne nous
garantissaient qu’imparfaitement , nous tardâmes
peu à rejoindre nos canots près desquels nous retrouvâmes
les naturels qui nous attendaient impatiemment,
pour les conduire vers les navires. Je