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1839.
Avril. Melville d’abord et dans la baie Rafles ensuite, les
Hollandais, justement effrayés, vinrent essayer de
fonder des comptoirs sur les îles Jrrou d’abord et
ensuite sur la Nouvelle-Guinée elle-même. Quelque
fondés que soient ces projets d’envahissement que
l’on a pu prêter à l’Angleterre et qui n’ont jamais
été avoués par e lle , d’autres raisons puissantes ont
dû les pousser dans cette voie. Victoria-Town n’est-
elle pas près du détroit de Torrès, et mieux que
personne l’Angleterre connaît toute l’importance des
positions sur les détroits. Enfin le port Essington,
placé entre Sincapour et les établissements de la
Nouvelle-Hollande, n est-il pas un port de secours
pour les navires qui font le commerce entre l’Australie
et les autres possessions asiatiques de l’Angleterre ?
Si, comme le disent les Anglais, l’établissement de
Victoria n’avait été fondé que dans le but de porter
secours aux navires qui traversent le détroit de Tor-
l'ès, déjà signalé par tant de sinistres, et d’offrir un
refuge aux équipages des bâtiments qui y font naufrage
; il pécherait par sa position trop éloignée du
détroit de Torrès dont il est séparé par le vaste golfe
de Carpentarie où la mer est souvent tempétueuse.
Mais le port Essington est admirablement placé pour
la pêche du tripang ; grâce à l’industrie malaise, cette
pêche rapporte encore aujourd’hui des sommes considérables
à la Hollande qui jusquici en a conservé
le monopole. Peut-être même le cabinet britan
nique a-t-il pensé qu’un jour, sur cette terre, on
pourrait naturaliser les arbres à épices et porter un
rude coup au commerce des colonies hollandaises.
Sans aucun doute, si les Anglais parviennent à se
maintenir sur cette côte, Victoria-Town peut avoir un
jour un bel avenir commercial. Non-seulement le port
Essington peut devenir le marché du tripang et le rendez
vous des pêcheurs Bouguis, mais encore il pourra
s’y créer un entrepôt des marchandises q u i, venant
de la Chine et même de l’Inde, doivent s’écouler
dans la partie orientale de la Nouvelle-Hollande.
Sincapour, sans aucun doute, a dû son développement
à la position qu’il occupe sur le détroit de Ma-
laca, à la limite que peuvent atteindre les jonques
chinoises, à qui leur construction ne permet pas de
traverser des mers un peu orageuses. Victoria occupe
une position, à peu de chose près semblable, en ce
sens que si Sincapour est l’entrepôt du commerce
des mers des Moluques et de la Chine avec l’Europe,
Victoria peut devenir l’intermédiaire entre Sidney et
les navires malais et chinois qui parcourent les eaux
tranquilles du grand archipel d’Asie,
L’avenir des colonies naissantes dépend surtout
des communications plus ou moins nombreuses qui
doivent résulter pour elles de leur voisinage entre
les points commerciaux qui les avoisinent, et des liens
qu’elles sont susceptibles de faire naître entre les
divers pays que leurs intérêts amènent à faire des
échanges. Depuis la fondation des établissements anglais
dans f Australie, le commerce d’échanges réciproques
entre les possessions de l’Angleterre, dans
l’Inde et la Nouvelle-Hollande, a pris d’année en anlu