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ment pour marquer cette prise de possession et s’assurer
cette vaste terre qu’ils mettent tant d’insistance
à élever un comptoir sur ces rivages si peu féconds.
Aussi les officiers du capitaine Bremer abordèrent
le capitaine Jacquinot avec un air inquiet et qui décelait
tout ce que leur faisait craindre la présence de
nos deux corvettes ; peu de mots suffirent pour les
rassurer, et lorsqu’ils connurent les noms de nos navires
et le but qui les avait amenés, ils s’empressèrent
de nous faire toutes leurs offres de politesse.
Le lieutenant Stuart insista vivement pour que nous
changeassions notre mouillage pour celui du havre
Essington, en ajoutant qu’il était assuré d’avance que
si le capitaine Bremer avait pu savoir que les corvettes
V Astrolabe et la Zélée étaient mouillées dans la
baie Bafles, il se serait empressé de m’écrire pour
m’engager à aller visiter l’établissement qu’il venait
de fonder. L’occasion était tentante ; mais toutes nos
observations de physique étaient commencées ; les
opérations hydrographiques demandaient aussi quelques
jours encore pour être terminées, et je ne pouvais
pas les abandonner. Je priai le lieutenant Stuart
d’exprimer à son capitaine combien je désirais faire
sa connaissance et visiter son établissement; je
l’assurai que si à mon départ de la baie Bafles,
j’étais servi par un temps favorable j’irais faire ma
visite au commandant Bremer, et jeter l’ancre dans
la baie Essington. Le petit sloop portait trois officiers,
le lieutenant Stuart qui le commandait, le jeune élève
Elinders, et enfin M. Earl, destiné à voyager dans
DANS L’OCÉANIE. 43
l’intérieur de la Nouvelle-Hollande, et remplissant
les fonctions d’interprète dans la petite colonie. Je
retins ce dernier à dîner, tandis que MM. les officiers
prièrent MM. Stuart et Elinders de vouloir bien
venir s’asseoir à leur table.
Vers le soir, nos chaloupes rentrèrent à bord, apportant
chacune un chargement d’eau à peu près
potable. Le rivage, sur tout le pourtour de la baie,
est couvert par des palétuviers dont le pied est baigné
par la mer ; le seul point où l’on remarque une
plage de sable, est aussi celui qui fut choisi par les
Anglais pour y tenter leur établissement. Pour arriver
à l’aiguade, il avait fallu s’ouvrir un passage à
travers les palétuviers, la hache à la main ; à l’aide
de cette ouverture, les chaloupes purent, en profitant
de l’instant de la mi-marée, pénétrer dans la
petite rivière, faire leur chargement à mer basse,
et profiter de l’instant de la haute mer pour rallier
leur bord. Heureusement la quantité d’eau douce
qui nous manque pour compléter notre approvisionnement
est peu considérable, car l’aiguade est loin
d’être commode et l’eau qu’elle produit est d’un
goût un peu saumâtre.
A dix heures du matin, les officiers anglais, après
avoir pris congé de nous, remettent leur embarcation
à la voile, et nous quittent pour retourner à
Essington. Nos navires restent de nouveau seuls sur
la rade. Jamais relâche ne fut plus triste que celle
de la baie Rafles. La chaleur y est intolérable, les
courses à terre très - fatigantes, et presque tous les
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1839.
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