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 avions parcouru  toutes  les parties de l’établissement.  
 Sur le bord  de la mer,  au bas de la falaise,  nous apercevions  
 encore les atelier s des menuisiers et les forges  
 qui paraissaient en pleine activité ; deux cents hommes  
 conduits  par  un  chef qui  avait  su  gagner  leur  confiance  
 en  se  montrant  aussi  habile  administrateur  
 que  bon  officier,  avaient  dans  l’espace  de  six  mois  
 terminé  tous  ces  travaux ;  ce  fut  sans  arrière  pensée  
 que je  pus complimenter  le  commodore  Bremer  sur  
 les  heureux résultats de sa  persévérance et son excellente  
 administration, lorsque nous entrâmes dans  son  
 habitation où il nous conduisit nou s reposer. Le reste de  
 la journée s’écoula  rapidement à écouter la  conversation  
 spirituelle  et  pleine  d’intérêt  de  cet officier  supérieur. 
  J’admirai cet homme aux cheveux blancs qui  
 avait quitté  sa patrie,  sa famille,  pour  venir  sur cette  
 terre  ingrate  entreprendre  une  tâche  pénible  et  difficile. 
   Il  paraissait  heureux  au  milieu  de  la  petite  
 colonie  dont il  était  et  le  fondateur  et  le  père;  une  
 seule  pensée  semblait  exclusivement  le  préoccuper,  
 celle  de  voir  grandir  Victoria,  et  bien  que  nous  ne  
 partagions  point  en  entier  les  idées  d’avenir  qu’il  
 prévoyait pour  son  établissement,  personne de  nous  
 n’eut  le  courage  de  chercher  à  détruire  les  illusions  
 dont  cet  heureux  père  semblait  entourer  le  
 berceau  de  son  enfant. 
 A  quatre  heures,  les  états-majors  des  deux  corvettes  
 et  la plupart  des  officiers  anglais  se rendirent  
 à  l’habitation  du  gouverneur  où  nous  étions  conviés  
 à  dîner.  Rien  ne  fut  épargné  pour  rendre  ce 
 repas  somptueux,  la  plus  franche  gaieté  y  présida.  
 M.  Bremer  fils  nous montra  la riche  collection  qu’il  
 avait  déjà  pu  réunir  des  objets  d’art  des  naturels.  
 Ce  jeune  officier,  qui  possède  un  talent d’imitation  
 admirable,  nous  montra  l’usage  de  chaque  chose.  
 Les armes  les plus meurtrières  des  Australiens sont  
 une  espèce  de  zagaie  faite  en  bois très-léger,  qu’ils  
 lancent au moyen d’un morceau de bois  long d’un mètre  
 environ, dont une des extrémités se tient à la main,  
 tandis  que  la  zagaie  repose  sur  l’autre  extrémité ;  
 M.  Bremer  fils était devenu très-adroit à manier cette  
 arme,  et  il  voulut  bien  nous  donner  un  échantillon  
 de  son  savoir faire.  Prenant ensuite  une  longue  flûte  
 des naturels, percée  d’une  ouverture dans laquelle ils  
 soufflent  avec  le  nez,  il  se  mit à  exécuter  au  son  de  
 cet  instrument toutes les  danses  burlesques des  sauvages. 
   Cette  scène  nous  amusa  beaucoup,  chacun  
 applaudit de grand coeur au talent de facteur.  Enfin,  
 la  nuit  arrivait  rapidement,  il  fallut  à  regret nous  
 quitter en  nous  promettant  de nous  revoir  le  lendemain  
 matin  à bord de l’Astrolabe. 
 A neuf heures du matin le commodore Bremer et les  
 principaux  officiers de la colonie s’assirent à ma table ;  
 c’était  là  que  nous  devions  nous  faire  nos  adieux,  
 nos  souhaits furent réciproques :  comme la veille, des  
 toasts  nombreux  furent portés  à  la  réussite  de  la  colonie  
 et au  succès  de  notre voyage.  En  proposant  la  
 santé du gouverneur,  je  le fis saluer  de sept  coups de  
 canon; M.  Bremer  fut  très-sensible  à  cette  politesse;  
 il  s’inquiéta  aussitôt  de savoir si  le  salut avait été enir