w
il il'!-.
îii; !.[ I
■ ti'"
iô'i-
®ii i ■£ »4«
Fi If I '
'• A il
xx.f iji
dizaine dTiommes arrivèrent par divers sentiers , ils étaient armés
de lances terminées par des pointes en fer poli d une forme
très-élégante ; les hommes du pros portaient la même arme,
de manière qu’il y avait dans les environs du canot une
quinzaine d’hommes armés de lances : je pensai que cet
appareil avait pour but de nous intimider ; voulant y répondre
sans équivoque, je fis charger tous les fusils qui formaient
l’armement du canot et les ranger avec aiFectation dans la chambre
de l’arrière ; alors la scène changea de face, les hommes
armés rentrèrent dans le village, les matelots du pros replacèrent
les lances dans le fourreau et recommencèrent à chanter
et à danser au bruit assourdissant du gong ; de mon coté je fis
bonne garde ; ayant donné l’ordre aux canotiers de rester près
de l ’embarcation , je fus me placer sur Téminence à deux pas
du canot et à l’endroit où se faisait la cuisine de l’équipage ;
de là je distinguais ce qui se passait dans le village ; le pros
avait quitté Tendroit où nous étions accostés et s’était placé à
côté d’une autre case où je le voyais parfaitement ; les danses continuaient
toujours et le village prenait part à la fête ; une jeune
fille parée et belle entre toutes les autres, se dirigea vers le
pros , portant deux assiettes de porcelaine , l’u n e , m’a dit
M. Dumoulin , contenait du feu, l’autre une composition inconnue
, ressemblant à de la bouillie ; l’homme qui dansait sur
le balancier y goûta le premier, elle passa ensuite de main en
main ; celle qui contenait le feu fut placée dans l’embarcation ;
après de nouveaux chants et de nouvelles danses, le débarquement
eut lieu , les armes et les pavillons furent portés dans la
case du chef; alors les jeunes gens et les jeunes filles, au nombre
d’une vingtaine, entrèrent dans une grande case, ayant à
leur tête la belle jeune fille, parée d’une longue ceinture, et qui
avait déjà joué un rôle dans la cérémonie. — Les chants et le
bruit du gong me parurent alors dans tout leur paroxysme, puis
tout à coup les chants cessèrent, les portes de la case furent fermées
et le plus grand silence régna dans la vallée......
J’avais fait embarquer l’équipage après le déjeuner, lorsque le
chef du village vint nous trouver, demandant à boire de l’eau-
de-vie, et à la manière dont il fit honneur à notre générosité, cette
boisson n’était pas nouvelle pour lui ; ainsi cette peuplade n’est
pas mahométane ; les cérémonies dont nous avions été témoins
n’étaient guère chrétiennes , de manière qu’elle fait probablement
partie des deux ou trois tribus idolâtres qui existent,
dit-on , dans les îles Arrou.
[M. C o u p v e n t.)
Note 2 5 , page 107.
Le mauvais temps n’empêcha point des bateaux à gros ventres,
aux extrémités effilées, et des pirogues à double balancier,
de venir trafiquer le long du bord.
Les gros bateaux contenaient des patates douces, des citrouilles
, des bananes, des cocos, et même autant qu’il m’en souvient
un ou deux melons; tous ces objets avaient différents propriétaires
; Tun d’eux, le patron du bateau peut-être, paraissait être
le chef de la bande et faisait seul les marchés. A chaque fois il
demandait l’avis des possesseurs et très-souvent il se trouvait fort
embarrassé pour conclure des échanges avec tant d’intéressés.
Le silence et le calme ne cessèrent pas de régner cependant, quoiqu’il
arrivât quelquefois que trois compétiteurs eussent à se
partager un couteau ou un mouchoir. Tout s’arrangea à Ta
niiable, et en quittant le bord , l’équipage du bateau que j’avais
le plus particulièrement examiné , se mit à chanter à tue-tête
pour exprimer probablement sa joie.
Nous avons pu voir à la fois dans une de ces embarcations les
trois races d’hommes qui habitent les îles Arrou, c’est-à-dire les
A:!