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imparfait pour se garantir des rayons d’un soleil
brûlant. Désireux de profiter de toute la fraîcheur
de la matinée pour parcourir le nouvel établissement,
je m’embarquai dès six heures du matin
dans ma baleinière. Une heure après j’accostai
une jolie jetée d’environ six mètres de longueur,
construite avec soin et solidité, et garnie d’escaliers
qui en facilitent l’abord. Sur la jetée s’élève
un mât de pavillon sur lequel flottait le pavillon de
la Grande - Bretagne. Un officier anglais, M. Stuart,
que nous connaissions déjà, nous y attendait pour
nous recevoir; et il nous offrit complaisamment
de nous conduire à la demeure du gouverneur.
Victoria-Toivn est établie sur un plateau élevé de
dix à douze mètres au-dessus du niveau de la mer.
Un chemin large et d’une pente très-douce a été
pratiqué dans la falaise qui limite le rivage et vient
aboutir à la jetée ; nous le suivîmes. Bientôt nous
rencontrâmes le commodore Brenler qui, déjà prévenu
de notre arrivée, accourait pour nous recevoir.
C’est un homme de cinquante-cinq ans environ; sa
figure est douce et bienveillante, ses formes sont polies
et prévenantes. Il nous reçut avec une cordialité
et une politesse exquises, et nous nous connaissions
à peine, que déjà nous étions unis comme des amis
de longue date. Il nous conduisit d’abord à son habitation:
elle est située sur le point le plus élevé du
plateau, la vue s’étend sur toute la rade au milieu de
laquelle reposait sur ses ancres le navire VAlligator.
Cette position des plus agréables rendait les communications
entre le gouverneur et son navire promptes
et faciles. Le commodore Bremer pouvait, sans quitter
sa maison, surveiller à la fois tous les mouvements
de la rade et les travaux qui s’exécutaient à
terre. Cette maison, entièrement en bois, avait été
construite à Port-Jackson ; elle offrait tout le confortable
désirable. Tous les compartiments y avaient
été ménagés avec intelligence : salon, chambre à
coucher, cabinet de travail, cabinet de toilette, salle
de bains, office, rien n’y manquait.
Nous nous y arrêtâmes à peine, le soleil montait rapidement
sur l’horizon, et nous nous hâtâmes de parcourir
rétablissement ; M. Bremer voulut nous servir
de guide, il nous conduisit d’abord au fort, placé à l’extrémité
d’un petit promontoire à trente mètres à peu
près de sa maison, et environ quinze mètres au-dessus
du niveau delà mer. Il se compose d’une seule batterie
placée au-dessus de la falaise qui domine la rade ;
elle est construite avec de forts madriers en bois
et quelques pièces à eau provenant du navire naufragé
VOrontes. La forme de cette batterie est celle
d’un demi-octogone, elle est percée de quatre ouvertures
dont trois étaient garnies de canons. Cette
petite fortification, entièrement ouverte du côté de
la terre, bat la jetée et la rade qu’elle est destinée
à défendre contre l’invasion étrangère.
Quant aux naturels, les Anglais paraissaient s’en
inquiéter fort peu. Depuis six mois qu’ils avaient
planté leurs tentes sur cette terre, les habitants n’avaient
témoigné que des intentions toutes pacifiques.
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