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sommeillent. Pour eux le principe du mal serait seul actif et
celui du bien tout à fait passif.
Les papiers dorés que les fidèles brûlent constituent un des
grands bénéfices des prêtres chinois, car eux seuls ont le privilège
de les vendre. Une autre source de gain pour eux, naît
de l’augure qu’ils tirent de l ’inspection de deux plaques de
bambou consultées par les fidèles chaque fois qu’ils entreprennent
un voyage ou unè spéculation. Voici comment se pratique
ce genre de divination. On tire de la racine d’un bambou
deux plaques uniquement consacrées à cet usage. Lorsqu’un
Chinois veut consulter la divinité pour savoir si elle lui sera
propice, il porte d’abord une offrande dans le temple, p u is,
après une prière de circonstance, il jette les deux plaques en
l’air à trois reprises différentes. La position qu’elles conservent
dans leur chute indique le degré de confiance que l’adepte doit
mettre dans l’avenir.
Avant de quitter la pagode nous examinons encore les deux
colonnes sculptées. A l’aide de deux torches nous pouvons en
suivre tous les détails. Les deux dragons sont enroulés sur
une colonne hexagone et offrent un travail digne de remarque ;
les Chinois présents nous assurent qu’on peut obtenir en Chine
de semblables colonnes pour la valeur de cent piastres ( cinq
cents francs environ). En quittant la pagode, l’obligeant M. Ya-
yergang nous conduit à un nouveau spectacle intéressant. Pour
clore dignement cette journée , il nous introduit dans la maison
de Tancien capitaine chinois, où Ton célèbre depuis plusieurs
jours le mariage de son fils Gou-an-song et de mademoiselle Ma-
ranna Ju-noe, fille d’un des principaux marchands de la ville......
Après avoir fait une agréable promenade dans les sentiers qui
suivent Tallée d’arbres placée en face de la maison du gouverneur
, nous revenons, Boyer et m o i, sur la plage auprès d’un
vaste praou en construction. Ce navire, dont j’ai visité Tinté-
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rieur pendant le jour, est construit avec une grande solidité. Les
flancs sont larges , les membrures épaisses, le bois est prodigué
partout. Il n’y avait plus qu’une dizaine d’ouvriers qui y travaillaient
; ils étaient occupés à des travaux de menuiserie et
n’avaient pour instruments que des ciseaux et des maillets. La
forme de ces embarcations est étrange; Tavant du navire, vu de
profil, présente trois gradins, dont le premier, peu élevé hors
de Teau, sert à embarquer les pirogues , q u i, par ce moyen ,
sont envoyées dans la cale où est leur poste. Le chargement du
navire se place sur un faux-pont qui règne au-dessus de cet endroit
et sur le pont toujours recouvert par un toit. Le chantier
n’avait rien de bien remarquable , les épontilles étaient nombreuses
et fortes. Du reste, peu familier avec les termes employés
dans les constructions navales, je ne puis rien préciser,
si ce n’est que la construction de ce praou était très-massive.
Ces bateaux, qu’on nomme praou ou pradwakan, sont les
mêmes que ceux que nous avons vus à Bafles-bay occupés à la
pêche du tripang. Cette industrie est exploitée à Makassar par
un grand nombre de commerçants. M. Vayergang lui-même
arme plusieurs pradwakans ; son frère les accompagne et dirige
les opérations de cette flottille. Plusieurs de nos officiers Tont vu
au mouillage des île^ Arrou, où il se trouvait à Tépoque de
notre passage. Bendu à Makassar, le tripang vaut de 60 à 500 fr.
lep ic cu l (environ 160 kil.). On joint à ce commerce celui des
nids d’hirondelle, etc., et il paraît que les bénéfices sont grands.
Les Bouguis ont la réputation d’être les meilleurs marins
parmi les Malais. Ils s’aventurent au loin pour faire le commerce
ou pour commettre des actes de piraterie. Très-souvent
ils allient les deux entreprises ; ils pèchent le tripang et s’ils
trouvent sur la route un navire faible, pris par le calme ou mauvais
marcheur , ils l’abordent et, dit-on, massacrent ordinairement
l’équipage. Toutes les années , on entend parler de navires