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 habitants  de  nos  corvettes  éprouvent  des  coliques  
 violentes  dont je  ne  suis point  exempt.  Chaque  soir,  
 quelques  hommes  vont,  soit avec  le  fdet, soit  avec le  
 trémail,  faire  la  pêche  sur  le  rivage ;  à  chaque  fois  
 ils  rapportent  des  quantités  considérables  de  poissons  
 qui  fournissent  abondamment  à  nos  repas.  
 Beaucoup, parmi  nous,  attribuent  les  coliques  dont  
 ils  sont  atteints  à  l’usage  des  coquillages dont nous  
 avons  découvert la mine ;  mais  à  cet  égard  les  avis,  
 même  ceux  des  médecins,  sont  très-partagés;  ces  
 douleurs  d’entrailles  auxquelles  peu de  nos hommes  
 échappent,  ne  seraient-elles pas plutôt produites par  
 quelques-uns  des  poissons  de  notre  pêche?  Pourquoi  
 même  ne  seraient-elles  pas  la  conséquence  
 des  grandes  chaleurs  qui  nous  accablent? Les  seules  
 distractions  que  peut  nous  offrir  notre  mouillage  
 sont  la  pêche  et la  chasse.  J’ai  déjà  dit  que  la  pêche  
 nous  fournissait du poisson en  abondance,  nos  chasseurs  
 rencontrent  aussi  une  grande  quantité  d’oiseaux, 
   et  les naturalistes peuvent  enrichir  leur  collection  
 de  nombreux  échantillons. 
 C’est  principalement  sur  le  bord  des  rivières  ,  
 près  des marais  pour  la  plupart contenant  de  l’eau  
 saumâtre,  que  l’on  rencontre  une  jolie  petite  variété  
 de  kangourou  dont  nous  pûmes  nous  procurer  
 plusieurs  échantillons  :  sa  taille  est  peu  élevée  
 ,  mais  ses  formes  sont  élégantes.  La  couleur  de  
 sa  peau  est d’un  gris  clair  tirant  sur  le  jaune.  Sa  
 chair  est  d’un  excellent  g oût,  et  ce  serait  une  précieuse  
 ressource  pour  nous  si  la  chasse  en  était plus 
 facile.  Il  faudrait  des  chiens  dressés  à  cet  exercice  
 pour  chasser  cet  animal,  qui  fort  probablement  se  
 trouve  répandu  en  abondance  dans  les  environs  de  
 la  baie;  dans  nos  promenades  il  nous  arrivait  fréquemment  
 d’entendre  le  bruit  que  faisait  les  kangourous  
 en  fuyant  à  travers  la  forêt  sans  qu’il  nous  
 fût  possible  de  les  apercevoir. 
 Malgré  tout  le  soin  apporté  dans  mes  recherches  
 ,  sur  tout  le  pourtour  du mouillage  pour  voir  
 quelques-unes des habitations des naturels, je ne puis  
 découvrir  dans mes  courses  que deux espèces  de  tu-  
 mulus paraissant  déjà  très-anciens  et  totalement dégradés. 
  11 est probable cependant que les demeures des  
 habitants  ne sont  pas trop  éloignées du  rivage.  Bien  
 que nos corvettes soient  chaque jour visitées par plusieurs  
 d’entre eux, et qu’ils témoignent  des intentions  
 toutes  pacifiques,  ils  refusent  constamment  de  conduire  
 vers leurs demeures (s’ils en ont),ceux de MM. les  
 officiers qui à plusieurs reprises leur en témoignent le  
 désir.  Parmi  les  sauvages  qui  viennent  visiter  nos  
 corvettes,  et  parmi  ceux  que  dans  nos  promenades  
 nous rencontrâmes  à terre, nous n’aperçûmes jamais  
 de femmes. N’est-il pas présumable que la détermination  
 qu’ils  semblent avoir  prise  d’éloigner les  étrangers  
 de leurs habitations,  leur aura été  dictée  par  un  
 motif de jalousie ?  Quelques-uns d’entre  eux  ont  apporté  
 des oeufs  de  tortue  pour  les  échanger  à  bord  
 contre  des  galettes  de  biscuit ;  avec  la  voracité que  
 nous  leur  connaissons,  on  pourrait  supposer  aussi  
 qu’ils craignent, s’ils conduisaient des  étrangers  chez