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 par  deux bâtons,  composent  cette  embarcation,  et si  
 elle p e u t,  grâce  à sa  légèreté,  se  transporter facilement, 
   elle ne permet pas à ces sauvages de  s’éloigner  
 beaucoup  du  rivage,  ou  de  braver  la mer  pour  peu  
 qu’elle soit  agitée. 
 Dans  un  pays  comme  la  Nouvelle-Hollande,  où  
 l’on ne  rencontre aucun  des  arbres fruitiers,  aucune  
 des  plantes  nourricières  qui  croissent  sans  culture  
 dans les  terres  tropicales  et  assurent l’existence  des  
 nombreux  habitants qui  les  peuplent, la vie des Australiens  
 doit être difficile ;  c’est  surtout vers  les côtes  
 que  doivent  se  reporter  ces  peuplades  malheureuses  
 ,  car  c’est  là  où  elles trouvent  le  plus  facilement  
 leur nourriture. 
 Quelques  coquilles  que  nous  aperçûmes  entre  
 leurs  mains  nous mirent  sur la  voie  pour leur faire  
 des  questions,  et  bientôt nous  apprîmes  d’eux  que  
 dans  le  bras  de  mer  qui  sépare  l’îlot  de  l’Observatoire  
 de  la terre  se  trouvait  un  vaste  banc  de  ces  
 coquillages,  et  que  le  peu  de  profondeur de  l’eau  
 qui  le  couvre en rendait la pêche très-facile. Ce furent  
 là  tous  les  renseignements que  nous  pûmes en tirer.  
 Vainement  je  leur  nommai  par  leur  nom  les  quelques  
 chefs  que nous  avaient fait  connaître  les  relations  
 des Anglais,  en  tâchant  de  leur  faire  indiquer  
 les  directions  où  se  trouvent  les  tribus  qu’ils  devaient  
 commander;  à toutes mes  questions  ils ne  répondirent  
 que  par  des  pantomimes  au  moyen  desquelles  
 ils  cherchaient  à  nous  témoigner  leur  faim ;  
 enfin  ils  se  retirèrent,  au  moment  où  le  coup  de 
 canon  tiré  par VAstrolabe indiquait l’heure  de  la  retraite. 
 Ce  soir,  chacun  rallie  le  bord;  tous  les  travaux  
 marchent de front. M.  Gourdin a jalonné  la baie pour  
 ses  opérations  trigonométriques ;  les  observations  
 magnétiques  sont  commencées  et  doivent  se  continuer  
 nuit  et  jour.  M.  Dumoulin  m’apprend  que  
 les  naturels  ont  passé  de  la  grande  terre  sur  l’îlot  
 de  l’Observatoire  sans  embarcations  et  n’ayant  de  
 l’eau  que jusqu’à  la  ceinture ;  ils  ont  sur  leur  route  
 péché  quelques  clovis  qu’ils  ont  ensuite  facilement  
 abandonnés  pour  une  galette de  biscuit.  Ces  coquillages, 
   que j’ai goûtés,  sont  d’une  excellente qualité ;  
 c’est  une  précieuse  découverte  dont  nous  pouvons  
 tous  profiter  pendant  le  temps  de  notre  relâche.  Je  
 n’étais  point  sans  inquiétudes  sur  le  petit poste  de  
 l’Observatoire;  mon  intention  première  était  d’envoyer  
 chaque soir six hommes armés coucher sous la  
 tente ; mais les moustiques  sont tellement nombreux  
 à terre  que  ce  serait réellement imposer  à nos matelots  
 une  corvée  des  plus  désagréables.  Sur  la  demande  
 de M. Dumoulin, je me contente de faire distribuer  
 des  armes  et  des  munitions  aux  deux  hommes  
 qui passent avec lui la nuit sous la ten te ,  afin de  prévenir  
 toute surprise  de  la  part des  naturels ;  les  corvettes  
 sont  du  reste  mouillées  assez  près de l’Observatoire  
 pour  pouvoir  au  moindre  signal  porter  du  
 secours  à  nos  observateurs. 
 L espoir  d’être  plus  heureux  que  nos  chaloupes  
 dans  la  recherche  d’une  aiguade  ,  me  fit  quitter 
 1339. 
 Mars. 
 Pl.  CXVI. 
 29. 
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