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ticules, quelques débris de murailles, mais déjà en partie recou-
verts par cette végétation active et vigoureuse qui envahit tout,
et qui avant peu aura reconquis le domaine que Thomme avait
tenté de lui enlever. Quelques citronniers, plantés sans doute par
les colons, avaient crû rapidement : ils étaient couverts de fruits.
Nous vîmes deux ou trois naturels, q u i, les premiers
jours, nous apportèrent à échanger quelques armes et quelques
coquilles, et disparurent ensuite. L’un d’eux savait quelques
mots malais. Ce n’étaient point des Papous, comme quelques
personnes de l’expédition le pensaient, mais bien de véritables
nègres, à la peau d’un noir de suie et aux cheveux crépus et
frisés, les mêmes qui doivent habiter non pas Tintérieur de la
Nouvelle-Guinée, qui paraît couverte de forêts impénétrables,
et que je ne crois point habitée, mais quelques montagnes à peu
de distance des côtes.
Dans cet endroit désert la chasse devait être notre seule occupation.
Le désir de se procurer quelques-uns de ces beaux
oiseaux de paradis si recherchés avait mis tout le monde en émoi.
Chaque matin, des troupes de chasseurs partaient du bord et
battaient la forêt pendant toute la journée..................................
Pendant notre séjour, il ne fut pas tué plus de huit ou dix
de ces oiseaux. C’était toujours le p a ra d is ie r petit-ém e ra u d e :
nous n’aperçûmes point le g r a n d , dont nous avions acheté plusieurs
peaux aux îles Arrou.
On tua aussi un m a n u co d e et un ép im a q u e . Je tuai les femelles
de ces deux oiseaux : elles sont bien loin d’offrir les brillantes
couleurs des mâles. Quant aux autres oiseaux, on en tua en
abondance et de très-beaux : perroquets de plusieurs sortes, colombes
et tourterelles admirables, puis le martin-chasseur à longs
brins, le cbalybé, des drongos, des philedons et une foule
d’autres.
Nous pûmes aussi nous procurer le calao à bec ciselé , cet oiseau
dont l’énorme bec est si singulier.
Un seul mammifère fut aperçu et pris ; c’était une petite espèce
nouvelle de p h a la n g e r . La mère et trois petits furent pris,
dans la cavité d’un vieux tronc , par MM. Hombron et Desgraz.
C’est la première espèce à e p h a la n g e r trouvée dans ces îles, où
jusqu’alors on n’avait rencontré que des c o u s c o u s , tandis que
toutes les espèces de phalanger venaient de la Nouvelle-Hollande.
Nous recueillîmes aussi une foule de beaux insectes de tous les
ordres ; de gros charançons vert doré , d’énormes sauterelles au
corselet bizarre et armé de piquants, des jules et des scolopendres
de grande taille, etc., etc........
(,M . H . J a c q u in o t. )
Note 34, page 178.
Un joli ruisseau traverse le village : il était assez large pour
que Ton ne pût pas le franchir. Nous le passâmes sur un pont
composé des deux plus belles planches que j’aie jamais vues : elles
étaient d’un bois noirâtre et de trente pieds de long sur trois de
large. Les femmes se cachaient généralement à notre approche :
les Malaises, du moins celles que nous avons vues j usqu’à présent
, ne sont cependant rien moins que sauvages. En face de
nous était une énorme case ou plutôt un pâté de maisons communiquant
toutes entre elles et très-élevées sur leurs pilotis. On
y arrivait par des échelles en bambou : il y régnait une grande
activité ; des femmes allaient et venaient dans tous les sens, et
nous entendions un bourdonnement confus comme celui d’un
marché. Au moment où nous allions mettre le pied sur une des
échelles .qui y conduisaient, quelques vieilles mégères les enlevèrent
toutes, avec des grimaces de sorcières : nous leur rîmes
au nez et passâmes outre. Nous suivîmes quelque temps le bord