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 240  NOTES. 
 Note  A,  page  30. 
 Aussitôt  Tancre mouillée  le  commandant  me donna  l’ordre  
 d’aller  saluer le  résident  d’abord,  puis  le  gouverneur général,  
 si  par hasard il  se trouvait  à Banda.  Il  faisait nuit noire,  je me  
 dirigeai  vers  une  maison  presque  entièrement illuminée qui  se  
 trouvait sur le  bord  de  la mer ;  il n’y  avait pas de débarcadère,  
 et en sautant à  terre ,  je me trouvai  au milieu de trois ou quatre  
 personnes que  l’obscurité m’avait  empêché de  distinguer. 
 Jedemandai le résident. Un bon gros monsieur, véritable figure  
 de Teniers, se présenta  :  il ne parlait pas  un mot  de  français et  
 la  conversation s’en  serait naturellement  ressentie,  sans un  officier  
 qui voulut bien nous  servir  d’interprète ; tous ensemble nous  
 nous  dirigeâmes  alors  vers  un  beau péristyle  sous  lequel  quelques  
 dames prenaient  le  frais. 
 En arrivant  à  la  lumière,  j’aperçus  sur  les  épaules  de mon  
 obligeant interprête deux grosses  épaulettes  à  graine  d’épinards.  
 C’était M.  de  Stuers ;  à  côté de  lui  était  le  capitaine  Eideling  
 du  Triton-,  je  m’empressai  de  m’acquitter  de  ma  mission.  
 M.  de  Stuers me  fit  l ’accueil  le  plus  gracieux,  le  plus  aimable; 
   il  me  dit  combien  il  avait  été  fâché  de  ne  pas  s’être  
 trouvé à Amboine lors de notre passage,  et ajouta avec  une amabilité  
 parfaite, qu’il  comptait s’en dédommager amplement  pendant  
 notre  séjour  à Banda.  Il est impossible d’imaginer quelque  
 chose  de  plus  gracieux  ,  de  plus  joli  que  le  petit  groupe  de  
 Banda :  je ne suppose  cependant  pas que  ce  soient  ces  eaux  si  
 limpides,  ces belles forêts, cette miniature  de  volcan,  qui  aient  
 déterminé la compagnie hollandaise à l’occuper ;  à défaut de pittoresque, 
   ces dignes marchands savaient trop bien  compter pour  
 ne  pas  savoir  combien ce  poste  est important. 
 Situées par  4“—31' de  latitude N.  et  127»—32'—37 de  longi- 
 NOTES. '2’* \ 
 tude à  l’est du  méridien  de  Paris à  la  fin des Moluques,  n’ayant  
 devant elles  que  les  terres  sauvages  de  la  Nouvelle-Guinée  et  
 celles plus  sauvages  encore  de  l’Australie.  Les îles  Banda  bien  
 groupées,  faciles  à  défendre,  produisant  la  plus  précieuse  des  
 épices, la muscade, convenaient merveilleusement à la Hollande. 
 Les Hollandais eurent peu de peine  à  s’emparer de  Banda :  ils  
 bâtirent des  forts  et se  rendirent maîtres de la population qu’ils  
 finirent par exporter ;  ils la  remplacèrent par des  esclaves et  des  
 condamnés de  leurs  autres  possessions ; bientôt  ils  y  concentré -  
 rent  la  culture de  la  muscade ,  et la  compagnie  s’en  réserva le  
 monopole exclusif.  Partout ailleurs les muscadiers ont été enlevés  
 de  gré  ou de  force  et  défense  positive  a été  faite  sous les peines  
 les plus  sévères d’en planter de nouveaux. 
 A Banda même, le nombre  des pieds est  limité et  n’est  autorisé  
 que sur la maîtresse île ,  la Grande Banda.  On afferme tant d’arbres  
 à  un  planteur qui  est  obligé  d’en  vendre le  produit  à  la  
 compagnie à un  prix  convenu.  Chaque  année  des  commissaires  
 viennent compter  sur le terrain  les plants  existants  et font arracher  
 tout ce qui  dépasse  le nombre  alloué ;  il  en  est  de même  à  
 l’époque  de  la  récolte,  et  une  grande surveillance  est exercée  
 pour  empêcher  tout  commerce  interlope.  Le  planteur  et  la  
 compagnie  y  trouvent parfaitement leur compte,  il  n’y  a  guère  
 que le consommateur  qui  en souffre...... 
 Il  est  impossible  d’être  mieux  accueilli que  nous  ne  l ’avons  
 été  à  Banda ,  c’était  à  qui  nous  fêterait. Nous  avons  tous  conservé  
 le souvenir de toutes les politesses dont on nous a comblés.  
 Si  ces  lignes  traversent  l’Océan,  si  elles  parviennent  à Banda,  
 je  désire  qu’elles  témoignent  notre  reconnaissance  à  ses  bons  
 habitants. 
 Le 23 février  fut pour nous une journée de  fête  complète  :  le  
 b o n ,  l’aimable M.  de  Stuers  voulait  nous  faire  visiter  tout  ce  
 que les îles  renfermaient de  curieux ,  après  quoi  un  dîner  et un  
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