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1839.
Mars.
1" avril.
eux, de leur montrer les points où les tortues vont
déposer leurs oeufs.
M. Coupvent, qui depuis trois jours était parti dans
le grand canot de la Zélée, armé en guerre, afin
d’aller faire la reconnaissance du canal qui sépare
l’île Croker de la grande terre, ne rentre que dans la
matinée. Tout son temps a été employé par les travaux
dont il était chargé et il n’a pu faire que peu de
visites à terre, mais nulle part il n’a aperçu d’habitations,
bien qu’il ait communiqué avec les naturels.
Pressé par le temps, il n’a pas pu compléter la reconnaissance
de ce canal ; toutefois il a réuni assez
de données pour en tracer les dimensions, et assez
de sondes pour en éclairer la navigation. Ce passage
est obstrué par plusieurs bas-fonds, il n’est praticable
qu’avec des vents favorables, et encore il exige beaucoup
de précautions pour le traverser sans accident.
N’écoutant que son z è le , cet officier voulait y retourner
pour compléter son travail, mais je ne juge
point cette reconnaissance assez importante pour imposer
aux matelots cette nouvelle corvée. Ils se sont
déjà bien fatigués depuis le moment de notre arrivée
sur la rade , dans peu de jours je vais remettre sous
voiles, et de nouvelles épreuves les attendent.
Tous les travaux se poursuivent avec activité,
M. Gourdin a terminé le plan de la rade, le gréement
a été entièrement revu, une réparation importante a
été faite à notre gouvernail, notre provision d’eau
est achevée, et chacun de nous fatigué de cette ennuyeuse
relâche attend impatiemment que les observatlons
magnétiques soient terminées, lorsque nous
voyons entrer dans la baie quatre praos malais portant
les couleurs delà Hollande, qui viennent laisser
tomber leurs ancres à une encablure de l’îlot de l’Observatoire.
Les patrons de ces embarcations viennent
aussitôt me saluer ; ils m’apprennent que partis de
Macassar vers la fin d’octobre, lorsque la mousson
d’ouest commence, ils vont pêcher les holothuries
(le tripang) le long de la côte de la Nouvelle-Hollande
, depuis l’île Melville jusqu’au golfe de Car-
pentarie, d’où les vents d’est les ramènent; en opérant
leur retour, ils visitent de nouveau tous les points de
la côte, mouillent dans les baies où ils espèrent pouvoir
pêcher avec succès et compléter leur chargement.
Nous sommes aux premiers jours d’avril, la mousson
d’est est définitivement établie, les pêcheurs malais
retournent dans leurs foyers, et en passant ils viennent
exercer leur industrie dans la baie Rafles. Une
heure après leur arrivée, ils sont tous à l’ouvrage,
le laboratoire pour la préparation de leur pêche
est établi près de nos observateurs. La rade n’a plus
le triste aspect d’une vaste solitude; des tourbillons
de fumée couronnent l’îlot de l’Observatoire, sur
lequel se sont élevés comme par enchantement plusieurs
vastes hangars ; de nombreuses embarcations
garnies de plongeurs s’échelonnent dans les alentours
afin de pêcher les holoturies qui passent immédiatement
aux fourneaux pour subir la préparation qui
doit assurer leur conservation. M. Dumoulin, dont la
tente a été presque envahie par ces nouveaux ve-
Pl. CXV