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 244 NOTES. 
 Quand  nous  eûmes  admiré  ce  paysage  à  loisir,  on  nous  
 conduisit dans  les magasins,  où  était  soigneusement  amoncelée 
 la récolte d’une  année. 
 La muscade n’arrive  sur les marchés d’Europe qu’après avoir  
 été soumise  à  une  préparation.  Comme je  l’ai dit plus haut,  la  
 noix  est  le  noyau  du  fruit;  elle  est enveloppée  d’une  pellicule  
 d’un  rouge  éclatant,  aux  plus  beaux  reflets,  que  l’on  nomme  
 le  macis  :  c’est  la  partie  la  plus  aromatisée  du  fiu it,  on  la  
 recueille  à part  et  elle  se  vend  dans  le  commerce  le  double de  
 la noix. 
 Quand  celle-ci  est séparée de  son  fruit  et  du  macis ,  on  la  
 place  sur  des  claies  sous  lesquelles  ou  entretient du  feu  jusqu à  
 ce  qu’elle  soit parfaitement  sèche.  Elle acquiert  alors  une  couleur  
 noirâtre  et devient  très-dure  :  c’est dans  cet état qu’elle  est  
 livrée  au  commerce.  La  livre  de  muscade  revient  au  gouvernement  
 à  neuf sols ,  celle de  macis  à  dix-sept.  Quels  énormes  
 bénéfices  la  compagnie  a  dû  réaliser  lorsqu’elle  seule  était  en  
 possession  de  cette  branche  de  commerce!  Aujourd’hui  nous  
 en  avons  à Cayenne  et  les  Anglais  à  Ceylan;  celles  de  Banda  
 son t,  dit-on ,  fort  supérieures  :  je  laisse  aux  épiciers  le  soin de 
 décider  la  question. 
 Mais  nous avions  une  faim  terrible,  et  nous  commencions  à  
 trouver un  peu longues les explications du digne planteur ,  lorsque  
 le signal du départ fut donné, et nous rejoignîmes nos palanquins. 
  Nous prîmes  à  travers la forêt. Il fallait des pieds  comme  
 ceux  de nos Malais pour  ne pas se  casser la  tête  dans un  sentier  
 rocailleux,  descendant  à pic  le long d’un précipice. J’avoue que  
 je  n’étais  pas  sans  crainte,  et  je  cherchais  des  yeux  quelque  
 branche  d’arbre  à  laquelle  j’aurais pu me suspendre  en  cas que  
 le pied  vînt  à  manquer  à  mes porteurs. Nous  arrivâmes  cependant  
 en  bas  sains  et  saufs ;  là ,  nos  gens  se  rangèrent sur  une  
 ligne,  et  à  un  signal  donné ,  tous  partirent  de  toute  la  vitesse 
 de  leurs  jambes  :  ce  fut  une  véritable  course  au  clocher. 
 Une  demi-heure  après  nous étions  assis  devant  un  splendide  
 déjeuner  dont  le planteur nous  fit les honneurs avec  une  bonne 
 et franche  cordialité. 
 A  quatre heures nous étions  de retour à bord.  Nos  camarades  
 venaient d’y arriver,  iis  étaient  exténués ;  plusieurs  d’entre  eux  
 avaient  failli  être  asphyxiés  par  la  fumée;  ils  rapportaient  du  
 reste  de magnifiques  échantillons minéralogiques. 
 {M. Demas.) 
 Note  5 ,  page  30. 
 Après  avoir  été  visiter  le  quartier  chinois  et malais,  qui  se  
 trouvait derrière les maisons des Européens,  je m’égarai  dans  la  
 campagne ;  le hasard me conduisit du  côté  des  cimetières.  Celui  
 des  chrétiens  est entouré  de  murailles  blanches;  c’est  une  enceinte  
 peu  étendue  :  une  petite  croix  noire  placée  au-dessus  
 d’une porte  assez  grande  indiquait  de  loin  ce  champ  de  repos.  
 Cà et là  dans  les  environs  nous remarquâmes  divers  tombeaux  
 qui m’ont semblé d’une date déjà  ancienne.  Quelques caractères  
 chinois,  et  surtout  la  singulière  construction  de  ces  petits  
 édifices  me prouvèrent  qu’ils  avaient  été  élevés  à  la  mémoire  
 de quelques Chinois opulents ; j’en  remarquai un entre autres, qui  
 occupait un espace assez considérable, adossé à une colline d une  
 médiocre  hauteur  :  il  présentait de  loin  la  forme  d un  cone  à  
 large base  qu’on  aurait  coupé  en  deux  parties et dont on  aurait  
 appliqué  la  moitié  contre  un mur perpendiculaire. 
 Des  marches  larges  et bien  espacées  permettaient de  gagner  
 le  sommet  de  l’édifice,  qui  se  terminait  par  une  plate-forme  
 en maçonnerie,  tout  autour  de  laquelle  on  avait ménagé  un e  
 espèce de parapet de deux  pieds  de  hauteur  environ. 
 Là,  adossé  contre  la  colline,  s’élevait  le  monument  funéi::''"' 
   
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