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 rallié  le  bord,  quelques  oiseaux  de  paradis,  parés  
 de  leurs  flancs,  deux  émeraudes  ,  un  manucode  
 ont été  tués  et  font  l’admiration  de  tous.  Nos  chasseurs  
 ont  rencontré  une  grande  quantité  de  serpents  
 de  toute  grandeur  et  dont  plusieurs  paraissent  
 dangereux.  Plusieurs  d’entre  eux  ont  suivi  le  
 sentier  qui,  partant  de  l’aiguade,  se  dirige  vers  
 la  rivière  pour  tourner  ensuite  du  côté  de  la montagne  
 ;  MM.  Hombron  et Dumoulin  ont  parcouru  ce  
 chemin  pendant  près  de  trois heures,  ils  n’ont  rencontré  
 qu’une  malheureuse  cabane,  entourée  d’un  
 clos  d’une  petite  étendue,  garni de  courges  et  com-  
 planté  de  quelques  bananiers;  du  reste,  elle  était  
 abandonnée,  et  les  naturels  ne  paraissaient  pas  y  
 être  venus  depuis  longtemps.  Ce  chemin  les a  conduits  
 ensuite à un clos assez vaste  où  se  trouvent  des  
 courges;  là,  le  sentier  a  disparu,  et  malgré  toutes  
 leurs  recherches,  ne  pouvant  en  retrouver  la  trace  
 pour  continuer  à  le suivre, ils  ont  été  obligés  de  revenir  
 sur leurs pas. 
 Personne  n’a  vu  encore  les  habitants  de  l’intérieur; 
   M.  Leguillou  seul,  dit  avoir  rencontré  une  
 dizaine de  sauvages qui lui  ont  semblé manifester des  
 intentions  hostiles,  en  agitant  leurs  arcs  et  leurs  
 flèches, mais  les  récits  de  ce médecin  sont  sujets  à  
 caution. Quoi qu’il en  soit, il  est certain  que,  comme  
 me  l’a  assuré Anguin,  les  habitants  de  la  baie  redoutent  
 fortement  les  Européens,  car  aujourd’hui,  
 dans  une  promenade que  je  suis  allé  faire à  terre,  il  
 m’a  pris  fantaisie  d’aller  visiter de  nouveau  l’habitation  
 que  j’avais vue  l’avant-veille,  et  dont  les  propriétaires  
 avaient  fui  à mon approche en laissant leur  
 feu allumé.  Je  l’ai  trouvée  entièrement vide,  les  habitants  
 avaient  enlevé le peu de mobilier qui s’y trouvait  
 lors  de  ma  première  visite,  pour  aller  vivre  au  
 loin du voisinage de nos chasseurs. 
 En  rentrant  à bord  j’y trouvai  mes  deux  amis papous, 
   Anguin  et  son  camarade  Weiss;  ils  étaient  
 chargés  de  coquilles  et  d’insectes,  mais  cette  collection  
 ,  pour  laquelle  ils  espéraient  une  forte  récompense  
 ,  n’avait  pas  dû  leur  coûter  beaucoup  
 de  temps  ni  beaucoup  de  peines.  Les  échantillons  
 qui  la  composaient  étaient  des  moins  rares  et  se  
 trouvaient  sur toutes  les  plages,  je  n’y  vis  rien  qui  
 fût  digne  d’être  placé  dans  la  mienne.  Toutefois,  
 pour  encourager  mes Papous  dans  cette  voie  de  recherches  
 naturelles, je  les  invitai à dîner  avec  moi;  
 cette  proposition  parut  les  combler  de  joie.  H  y  
 avait plaisir à  voir  combien ces musulmans  faisaient  
 honneur  au dîner  et  surtout  au  vin  de  la  cambuse.  
 Mes  deux  convives  ne  quittèrent  ma  chambre  que  
 lorsque  je  leur  eus  fait donner  une  bouteille  du  vin  
 qu’ils  avaient  savouré avec  tant de délices comme  de  
 vrais  chrétiens  habitués  depuis  longtemps  aux  liqueurs  
 spiritueuses. 
 Derrière le navire se  trouvait amarrée  une pirogue  
 du  pays que  plusieurs  officiers  avaient  trouvée  abandonnée  
 sur  la  plage  et  dont ils  s’étaient  servis  pour  
 regagner  Y Astrolabe.  Anguin  l’aperçut  en  montant  
 sur  le  pon t, et croyant sans doute  que  nous  l’avions