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d’écorce grossièrement cousues ensemble et reliées sur deux
bâtons qui forment les côtés ou plats-bords. C’est là sans contredit
le premier essai de l’art de la navigation. Les trois sauvages
que portait la pirogue sont montés à bord sans façon ni
défiance; leur premier geste, leur premier mot ont été pour
demander du pain. Une nouvelle pirogue a porté cinq naturels
qui n’ont pas tardé à nous saluer du même refrain (bread). Ces
derniers ont eu la même part à nos largesses, sans paraître plus
rassasiés que leurs devanciers. Tous ces sauvages connaissent à
fond les formes extérieures de la supplication , mais ils semblent
ignorer complètement celles de la reconnaissance : il n’est sorte
de cajoleries qu’ils ne fassent pour obtenir un morceau de biscuit,
mais dès qu’ils Tont obtenu ils s’empressent de le dévorer ,
sans que la moindre expression de gratitude paraisse dans leur
maintien ou leurs regards. On a distribué aux sauvages qui se
donnent le titre de chefs des mouchoirs, des couteaux et des
miroirs qu’ils reçoivent avec assez d’indifférence. Pendant le
souper de l’équipage ils rôdent autour des matelots pour obtenir
quelques bribes du festin. L’un d’eux a la bonne idée
d’exécuter une danse grotesque, accompagnée de gestes et de
grimaces qui lui valent quelques nouveaux cadeaux.
Les Australiens que nous avons sous les yeux ont une taille
au-dessous de la moyenne et des formes grêles, il n’en est qu’un
qu’on puisse regarder comme un homme bien proportionné et
vigoureux. Ils sont noirs comme les Africains , mais leurs cheveux
ne sont pas aussi laineux ni leur nez aussi épaté; l ’ensemble
de leurs traits, quoique fort laid à nos yeux, s’écarte
peut-être un peu moins du type européen que la face du nègre
de Guinée. Tous sont privés d’une dent à la mâchoire supérieure
, ce qui suppose que dans la partie nord, comme sur les
autres points de l’Australie qu’on a visités, l’extraction d’une
dent est pratiquée sur les enfants ; mais la circoncision n’est pas
en usage. Le talouage en relief ou par incisions est pratiqué ici
dans toute sa perfection : les naturels ont la partie antérieure
du corps mutilée de la manière la plus horrible, les épaules, la
poitrine, le ventre et les cuisses présentent des lambeaux de
chair de trois à quatre pouces de longueur sur autant de lignes
de saillie ; ce tatouage est vertical sur les épaules et les cuisses ,
et horizontal sur la poitrine et le ventre, de manière à figurer
des épaulettes et des galons. On dit que c’est à Taide du tranchant
des coquillages que les naturels pratiquent sur leur corps
des incisions profondes dont les plaies étant entretenues pendant
longtemps finissent par donner, après la cicatrisation, ces bourrelets
charnus qui constituent le tatouage. Toutes ces plaies sur
un corps nu exposé à un climat brûlant doivent souvent donnei
lieu aux accidents les plus graves......
A cinq heures du matin, nous partions, Marescot et m o i,
dans le petit canot pour suivre les contours de la baie et chercher
un filet d ’eau potable. Nous accostâmes d’abord à l’ancien établissement
anglais, situé sur la rive orientale, à environ un
demi-mille du mouillage. Il faut être bien près du rivage pour
reconnaître l’emplacement de la défunte colonie C’est un
petit plateau dépouillé d’arbres qui domine de six à huit pieds
tout au plus les terrains environnants ; il ne reste encore debout
que quelques pans de muradles en pierre ayant appartenu à une
petite enceinte carrée de dix à douze pieds; plus loin , un autre
pan de mur et un puits profond rempli d’eau saumâtre, quelques
troncs d’arbres cbarbonnés ayant sans doute fait partie
d’une enceinte de palissades. Nous n’avons pu distinguer aucune
trace des plantations et des cultures dont le fondateur de la colonie
voulait doter les Australiens Une herbe très-haute a tout
envahi et couvrira bientôt les derniers vestiges de l’établissement.
A cent pas de là commence la vaste forêt qui couvre toute
cette terre sauvage ; aussi loin que la vue peut s étendre le pays
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