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une pirogue semblable à celles que nous avions de'couvertes sur
la plage était au milieu du canal, venant d’une des baies que
nous avions reconnues la veille ; elle se dirigeait vers n o u s,
et quelque temps après nous aperçûmes notre guide et un de
ses compagnons qui s’établirent avec confiance au milieu de
nous ; ils sortirent de leurs pirogues des coquilles ( arches ) qui
leur servent de nourriture, ils nous en offrirent une partie et
les matelots s’en régalèrent : pour les ouvrir , ils les laissaient
dans le feu quelques instants, alors elles étaient tendres et sa -
voureuses Quant aux deux naturels, la nature brutale était
la seule chose qu’on pût remarquer en eu x , leur curiosité ne
paraissait excitée que par leur gloutonnerie ; ils regardaient
fixement la nourriture des matelots , et quand ils en obtenaient
quelques débris, ils l’avalaient comme des chiens dévorent une
proie ; leur repas ne fut terminé que lorsqu’il n’y eut plus rien
à obtenir ; alors ils se couchèrent sur le dos en se frottant le
ventre devant le f e u , que nous leur abandonnâmes pour nous
retirer tous dans le canot. Bientôt nous fûmes forcés d’aller
mouiller plus au large, car la mer, en descendant, menaçait de
faire échouer le canot.
La journée suivante fut employée tout entière à sonder le
canal diagonalement et à faire diverses stations sur plusieurs
points ; le travail ne finit encore qu’à nuit close, et cette fois
nous établîmes nos feux sur la Nouvelle-Hollande, à deux milles
de la pointe nord ; je n’étais plus qu’à trois ou quatre milles du
navire , que j’étais forcé de rejoindre le quatrième jour, n’ayant
pris des vivres que pour trois journées.
( M. Coupvent. )
Note lA, page 60.
Ayant vu le peu de naturels qui soient venus nous visiter se
diriger vers le nord de la baie , et n’ayant pas pu obtenir d’eux
de nous y conduire, nous formons le projet, MM. Ducorps,
Dumontier et m o i, de découvrir leur gîte en suivant les traces
de leprs pas empreints sur le sable ; dans ce but, nous descendons
à terre dès deux heures du matin avec le canot envoyé à la
pêche; au jour nous nous mettons en route et suivons la plage
en chassant......
Après avoir perdu de vue mes compagnons dans le bois, je continuai
à poursuivre le but de ma course, l’espace de deux lieues
environ, mais sans fruit. J’avais cependant suivi longtemps les
traces des naturels sur la plage, elles m’avaient conduit devant un
fourré très-épais où elles se perdaient devant un rocher assez
élevé: je pensai que les habitations devaient être près de là, mais
je battis en vain tous les alentours, j’eus beau explorer le fourré
et les environs, les buttes désirées n’apparurent pas devant moi.
Je suivis encore longtemps les traces d’un chien q u i, après
avoir accompagné le pas des hommes, continuait seul à laisser
1 empreinte de ses pattes sur le sable ; mais a une heure de l’après-
midi , voyant mes efforts infructueux, fatigué par la marche,
impatienté parla piqiire des insectes, jei’ebroussai chemin. La chaleur
était tellement forte, que j’étais obligé d’étendre constamment
mon mouchoir mouillé sur la tête pour pouvoir supporter
1 action du soleil ; l ’eau de la mer, dans les endroits où elle n’avait
que trois ou quatre pouces de profondeur, produisait presque une
sensation de brûlure sur mes pieds écorchés parla marche : c’était
bien la chaleur la plus intense que j’aie jamais éprouvée; j’étais
haletant. En arrivant auprès d’une mare d’eau saumâtre qui
avoisine le rivage, je ne pus résister, malgré l’imprudence que
je savais commettre, au désir de me jeter tout babillé dans l’eau ;
jamais je n’avais encore éprouvé une sensation aussi délicieuse,
chaque fois que je sortais un membre de l’eau fraîche, la chaleur
de 1 atmosphère m’incommodait; je le retrempais, et sur-
le-champ je ressentais un bien-être indicible.
VI. 18
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