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1839.
Avril.
tendu par VAlligator, et si ce navire se disposait à
nous le rendre; impatient, il voulait immédiatement
envoyer son canot à bord de sa corvette ; nous eûmes
de la peine à le dissuader de la pensée de faire faire
une course aussi longue à son embarcation ; il céda,
mais en déclarant toutefois qu’il saluerait VAstrolabe
aussitôt qu’il serait de retour à terre, et en effet
à trois heures, après avoir déployé nos voiles, nous
aperçûmes la fumée des canons de VAlligator lorsque
déjà nos corvettes, presque en dehors de la
baie, étaient à une distance trop grande pour bien
distinguer le bruit de l’artillerie anglaise qui tonnait
en leur honneur.
A six heures nous avions doublé le danger sur lequel
se perdit le navire VOrontes, à six milles environ
au nord du port Essington, et je fis serrer le vent
pour rallier les îles Arrou que je voulais visiter. Mais
avant d’y atteindre, je jetai un dernier regard vers
Victoria-Town que nous ne devions plus revoir.
Quand on parcourt la partie septentrionale del’Aus
tralie, quand on foule le sol si peu fertile de ces contrées
où quelques sauvages en petit nombre, et occupant
le dernier rang de f échelle sociale, trouvent
difficilement à s’alimenter, on est amené malgré soi
à rechercher quels ont pu être les motifs puissants
qui ont engagé l’Angleterre à y fonder un établissement
après des essais déjà nombreux et toujours infructueux.
Depuis l’époque où une flotte, chargée de
condamnés, vint former à Sidney un établissement
dont le succès fut si rapide, les Anglais prirent la ferme
résolution de joindre la Nouvelle-Hollande tout entière
à la couronne de la Grande-Bretagne, et ils
durent se hâter de fonder des comptoirs sur tous les
rivages de cette grande terre, dans la crainte de voir
une puissance rivale imiter leur exemple, et s’établir
sur un point qu’ils n’auraient point envahi. La
côte nord de l’Australie ne pouvait rester inoccupée,
car si aujourd’hui encore, la route des navires d’Europe
à Sidney est tracée au sud de la terre de la
Nouvelle-Hollande, la route la plus courte et même
la plus droite pour le retour, en passant par l’ouest,
s’effectuera tôt ou tard par le détroit de Torrès, lorsque
les récifs qui embarrassent ce dangereux passage
, étant mieux reconnus, les navires y trouveront
une sécurité plus grande à le traverser. D’un autre
côté, au nord de la Nouvelle-Hollande, et séparée
d’elle par une nappe d’eau peu étendue que les coraux
tendent chaque jour à combler rapidement, la
Nouvelle-Guinée, un des plus riches pays du monde,
étale ses vastes plaines, couvertes d’arbres gigantesques
et qui attendent encore des mains industrieuses
pour produire en abondance toutes les denrées des
climats tropicaux. Bien que jusqu’ici les Anglais
n’aient fait aucune tentative pour s’emparer de la
Nouvelle-Guinée, la persévérance qu’ils ont apportée
à fonder des établissements au nord de 1 Australie,
a donné des craintes sérieuses à la Hollande pour
la souveraineté qu’elle réclame sur la Papouasie
Occidentale. Aussi, lorsque les navires de la
Grande-Bretagne allaient porter des colons sur file
18S9.
Avril.
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