verte, on arrive sur une petite place qui termine
une longue promenade complantée d’arbres, et qui
s’étend le long de la mer, en face des maisons
des Européens. Cette place est bornée d’un côté
par le fort Nassau, composé de quatre petits bastions
bien entretenus. Au centre du fort, qui affecte
la forme d’un carré, se trouvent les magasins de
la compagnie, et c’est dans ces magasins qu’on a
renfermé le dougon dont M. le gouverneur nous
a gratifiés. Après avoir salué M. le gouverneur et
le résident, naturellement ma première visite fut
pour ce nouveau passager de PAstrolabe. C’est un
animal de six pieds de long environ, et paraissant
d’un naturel fort paisible. Sa forme est celle d’un
pboque ; la structure de sa tête et de sa mâchoire,
faiblement armée de dents peu dangereuses, semble
indiquer des habitudes tranquilles. C’est une précieuse
acquisition pour la mission, et sans aucun
doute il sera un des plus précieux échantillons de
notre collection. M. Hombron, à qui je le confie ensuite
, se dispose à l’enfermer dans une barrique remplie
Narack, lorsque je m’éloigne pour aller faire un
tour dans la v ille , avant de rentrer à bord.
La ville est bâtie sur l’île Banda-Neira, dans une
petite plaine élevée seulement de quelques mètres
au-dessus du niveau de la mer. Elle est coupée par
deux rues principales parallèles entre elles et au rivage
de la mer; sur le premier plan, et dans la position
la plus agréable à cause du coup d’oeil de la
rade et de la fraîcheur qu’entretiennent les eaux de
la mer, se trouvent les habitations du résident et des ’839.
Février.
principaux fonctionnaires. Chacune de ces maisons
jouit d’un jardin assez étendu, qui en rend le séjour
très-agréable. Elles sont entretenues avec un
soin infini, et on retrouve à Banda, comme dans^
toutes les villes hollandaises, cette propreté remarquable
qui caractérise le peuple néerlandais. Aux
deux extrémités de la ville, s’élèvent encore de nombreux
bâtiments destinés â servir de casernes, d’hôpitaux
et de magasins. Derrière se trouvent les quartiers
malais et chinois avec leur caractère â part.
Dans le centre de Banda-Neira, et â peu de distance
de la v ille , s’élève une petite colline qui domine l’île
entière , et sur laquelle on voit le fort Belgica, dont
les murailles, blanchies â la chaux, laissent voir de
nombreux créneaux et de nombreuses embrasures,
où paraissent la plupart du temps les gueules des canons.
Le fort Belgica commande au fort Nassau et â
l’île entière; mais il ne bat les passes qu’â grande
portée de canon ; il est destiné â protéger la colonie
contre une invasion étrangère, et les Hollandais regardent
la possession de cet archipel, qui est très-
importante, comme suffisamment défendue.
La nuit était venue depuis longtemps lorsque je
songeai â rallier le bord ; comme je renouvelais â
M. de Stuers mes remercîments pour les animaux
qu’il avait donnés â la mission, il m’assura de
tout le regret qu’il éprouvait de voir notre départ
aussi proche ( nous ne devions passer que trois jours
sur cette rade), et de tout le plaisir qu’il aurait éprouvé