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 enlevée pour  nous en emparer,  il chercha fort habilement  
 à en négocier la reddition. Je la lui fis immédiatement  
 donner,  et  aussitôt il alla auprès de ses compatriotes  
 recevoir leurs compliments  sur  le  crédit dont  
 il  jouissait  auprès de moi, puis tous  ensemble se disposèrent  
 à en profiter pour retourner dans leur forêt. 
 J’avais gagné  à  la  visite  de mon  ami Anguin d’apprendre  
 de lui que la plus  grande population du pays  
 était  réunie  sur  l’île Nama-Toute,  où se trouve aussi  
 le premier chef de ces  contrées, qu’il désignait par le  
 mot Oulana.  Nous  nous  quittâmes  en  nous  promettant  
 réciproquement  de  nous  revoir  le  lendemain  
 à  un  rendez-vous  sur  la  Grande-Terre  dont  nous  
 convînmes. 
 A  sept heures  du  matin, je m’embarquai  dans ma  
 baleinière,  MM.  Jacquinot  et  Goupil  se  réunirent  à  
 moi, et  nous  nous  dirigeâmes  sur  la  petite  île Nous-  
 sou-Rourou,  une  des  plus  grandes  de  celles  qui  forment  
 un  petit  groupe  au milieu de la baie du Triton.  
 Le  temps  était  superbe,  la  brise  était  faible,  il nous  
 fallut peu de  temps  pour franchir les  cinq milles qui  
 séparaient cette petite terre de notre mouillage. Nous  
 débarquâmes  avec  quelque  difficulté  sur  une  petite  
 plage de sable garnie  d’une  belle  touffe de  cocotiers ;  
 l’île  était  déserte,  les  moustiques  nombreux,  nous  
 n’y  restâmes  pas  longtemps,  et  après  avoir fait  ramasser  
 quelques  coquilles,  nous  nous  dirigeâmes  
 vers la plage de sable de Seboima-Bessi. 
 Nous  y  visitâmes  d’abord  une  grande  case  abandonnée  
 et  fort  mal  construite  ,  puis  nous  nous 
 rendîmes  à  deux  autres  cases  bâties  sur  pilotis,  que  
 nous  apercevions  de  loin;  elles  étaient  désertes  et  
 en  très-mauvais  état ;  près  de  là se  trouvaient  deux  
 tombeaux  renfermant,  comme  je  le  sus  plus  tard  
 d’Anguin,  les  restes  d’un  homme  et  d’une  femme.  
 Nous  nous  engageâmes  ensuite  dans  un  joli  petit  
 sentier dont nous  trouvâmes  la  trace,  espérant qu’il  
 nous  conduirait  dans  l’intérieur  des  terres,  mais  
 nous  avions  a  peine marché  cinq minutes  que  nous  
 atteignîmes  sa  lim ite ,  nous  retrouvâmes  devant  
 nous  la  forêt avec  toutes les lianes et  les  broussailles  
 qui  la  rendent  impénétrable,  et  il nous  fallut rétrograder. 
 Il  nous  restait  à  visiter  un  enclos  considérable  
 qui  se  trouvait  sur  la  hauteur,  et  que  nous  avions  
 vu de  la mer ;  vainement  nous  cherchâmes  un  chemin  
 pour  nous  y  conduire,  nous  allions  y  renoncer  
 lorsque  Anguin  et  Weiss  arrivèrent  dans  une  
 pirogue  du  pays,  dès  lors  nous les  priâmes  de  nous  
 guider.  Mais  au  lieu  de  nous  conduire  à  l’enclos  que  
 nous voulions voir,  ils  nous ramenèrent vers les deux  
 cases  que déjà nous  avions  visitées. 
 A  toutes  mes  demandes  pour  me  conduire  vers  
 l’enclos,  Anguin  me  répondit  d’abord que  le  côteau  
 était  inaccessible  par  la  plage  où  nous  étions,  et  
 qu’il  fallait aller  à  une  autre  plage  plus  au  sud  où  
 nous  trouverions  le  chemin.  Dès  lors, je  lui tournai  
 le  dos,  et  nous  nous mîmes  à  gravir la colline  avec  
 beaucoup de peine et de fatigues, étant obligés de nous  
 ouvrir  un  passage à  travers  les  broussailles,  un cou- 
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