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 320 NOTES. 
 tons nos  voiles.  Il était curieux  de  voir  avec quelle  soumission  
 et quel respect les Malais  qui  le  conduisaient  recevaient ses ordres. 
   Ils s’empressèrent  de  lui enlever  son  schako  et son sabre,  
 de déboutonner son  h ab it,  et après l’avoir bien arrangé  sous le  
 toit qui  surmontait  leur  bateau,  ils  se  mirent  à  pagayer  avec  
 ardeur vers la terre. Bien certainement il ne risquait pas d’attraper  
 de  cette  façon  les  fièvres  pernicieuses  q u i,  nous  a-t-il dit ;  
 régnent à Céram,  et  qui  attaquent  les Européens  trop  actifs  et  
 qui  se  fatiguent trop au soleil. — Que de caporaux deviendraient  
 jaloux  à  la vue du bien-être de  celui-ci ! 
 ( M.  Desgraz. ) 
 Note  36 ,  page  228. 
 Excepté  quelques  jardins  qui  se  trouvent  aux  environs  de  
 Makassar et dont le  terrain  est sec et sablonneux ,  nous  n’aperçûmes  
 , dans  l’immense plaine  que nous  traversâmes  pour  aller  
 à Goa, que quelques bouquets d’arbres et des champs de riz dont  
 la culture et l’entretien paraissent se  ressentir  de la paresse et de  
 l’indolence , suites naturelles du régime  despotique que les chefs  
 exercent sur leurs  sujets  ;  régime q u i,  n’offrant aucunes garanties  
 pour la propriété,  et n’assurant  à personne  la jouissance  de  
 son  travail,  tue  toute  industrie  et ne porte  qu’à  se  procurer le  
 strict nécessaire pour  l’existence.  Car ,  i c i ,  la  moindre  volonté  
 du plus mince  sultan  est un  ordre  auquel nul n’aurait l’idée  de  
 se soustraire ;  le moindre  désir  exprimé  est  une  sentence  à  laquelle  
 chacun s’empresse de  souscrire.  Un  individu possède-t-il  
 un beau cheval ?  si ce  fait parvient  à la connaissance de son chef  
 et maitre,  il est sûr d’en être  immédiatement dépouillé. Un père  
 même n’est pas respecté  dans  ses  affections les plus chères, et  ce  
 qui devait faire  sa  gloire  et sa joie devient  pour  lui  une source  
 de douleur  et  de  chagrin  :  pour peu que la beauté de sa  fille soit 
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 remarquable,  pour peu  que  ses  charmes  fassent  impression  et  
 excitent  des désirs,  il est certain de recevoir tôt ou tard un mandat  
 d’amener qu’il  se  gardera bien d’enfreindre. 
 Le  royaume  de  Goa  contient  cent  mille  habitants  qui  sont  
 ainsi gouvernés ;  celui  de Lato, qui lui est contigu et qui dépend  
 du même  Bitchara-bouda  ,  en  possède  dix  mille  vivant  sous  
 les mêmes  lois.  Aussi,  depuis quelques  années,  les  émigrations  
 sont-elles  fréquentes,  et  bien  des  familles  sont  venues planter  
 leurs  tentes  sur le territoire  qui dépend des Hollandais. Là,  au  
 moins,  la propriété est assurée,  et chacun peut jouir du fruit de  
 ses travaux ,  a  1 abri  de  lois  toujours  douces  et  tolérantes qui  
 protègent  également et le fort et  le faible. 
 La partie  de la  ville de Makassar,  babitee par les Européens ,  
 est bien bâtie ;  les  rues  sont  larges  et propres ,  les  maisons  parfaitement  
 aérées  et d’une distribution  adaptée  au climat. 
 Le fort de Botterdam  est grand,  bien garni  de canons ,  et entouré  
 de fossés qui  sont  constamment  pleins d’eau ;  la  garnison  
 se  compose  de  six  cents  hommes,  pour la plupart Javanais. 
 Le quartier occupé par les Malais s’étend sur le bord de la mer,  
 et  dans  le  nord  de  la  citadelle ;  il est  très-peuplé  et plein  de  
 vie.  Notre  présence  mettait  surtout  en  mouvement  les marchands, 
  qui s’empressaient de nous présenter des kriss, des lances et  
 d autres objets dupays.  A la suite de ce campong , vient celui qu’habitent  
 les Bouguis, peuple  industrieux et surtout navigateur. Au  
 sud  du fort,  et toujours parallèlement au rivage,  existe un nouveau  
 village  qui  s’accroit  journellement;  il  est  occupé  par  
 les  individus q u i,  fatigués  de  vivre sous  le  despotisme,  sont venus  
 chercher une existence plus tranquille auprès des Européens. 
 Les femmes bouguis, surveillées de près par les hommes, sont,  
 dit-on,  chastes  et  fidèles;  mais il n’en  est  pas  de même  des Malaises, 
   qui  se  livrent  avec  ardeur  à  tous  les  excès  de  la prostitution. 
   Une  femme  du  peuple ,  à  ce  que  l’on  m’a  assuré, ne  
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