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tons nos voiles. Il était curieux de voir avec quelle soumission
et quel respect les Malais qui le conduisaient recevaient ses ordres.
Ils s’empressèrent de lui enlever son schako et son sabre,
de déboutonner son h ab it, et après l’avoir bien arrangé sous le
toit qui surmontait leur bateau, ils se mirent à pagayer avec
ardeur vers la terre. Bien certainement il ne risquait pas d’attraper
de cette façon les fièvres pernicieuses q u i, nous a-t-il dit ;
régnent à Céram, et qui attaquent les Européens trop actifs et
qui se fatiguent trop au soleil. — Que de caporaux deviendraient
jaloux à la vue du bien-être de celui-ci !
( M. Desgraz. )
Note 36 , page 228.
Excepté quelques jardins qui se trouvent aux environs de
Makassar et dont le terrain est sec et sablonneux , nous n’aperçûmes
, dans l’immense plaine que nous traversâmes pour aller
à Goa, que quelques bouquets d’arbres et des champs de riz dont
la culture et l’entretien paraissent se ressentir de la paresse et de
l’indolence , suites naturelles du régime despotique que les chefs
exercent sur leurs sujets ; régime q u i, n’offrant aucunes garanties
pour la propriété, et n’assurant à personne la jouissance de
son travail, tue toute industrie et ne porte qu’à se procurer le
strict nécessaire pour l’existence. Car , i c i , la moindre volonté
du plus mince sultan est un ordre auquel nul n’aurait l’idée de
se soustraire ; le moindre désir exprimé est une sentence à laquelle
chacun s’empresse de souscrire. Un individu possède-t-il
un beau cheval ? si ce fait parvient à la connaissance de son chef
et maitre, il est sûr d’en être immédiatement dépouillé. Un père
même n’est pas respecté dans ses affections les plus chères, et ce
qui devait faire sa gloire et sa joie devient pour lui une source
de douleur et de chagrin : pour peu que la beauté de sa fille soit
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remarquable, pour peu que ses charmes fassent impression et
excitent des désirs, il est certain de recevoir tôt ou tard un mandat
d’amener qu’il se gardera bien d’enfreindre.
Le royaume de Goa contient cent mille habitants qui sont
ainsi gouvernés ; celui de Lato, qui lui est contigu et qui dépend
du même Bitchara-bouda , en possède dix mille vivant sous
les mêmes lois. Aussi, depuis quelques années, les émigrations
sont-elles fréquentes, et bien des familles sont venues planter
leurs tentes sur le territoire qui dépend des Hollandais. Là, au
moins, la propriété est assurée, et chacun peut jouir du fruit de
ses travaux , a 1 abri de lois toujours douces et tolérantes qui
protègent également et le fort et le faible.
La partie de la ville de Makassar, babitee par les Européens ,
est bien bâtie ; les rues sont larges et propres , les maisons parfaitement
aérées et d’une distribution adaptée au climat.
Le fort de Botterdam est grand, bien garni de canons , et entouré
de fossés qui sont constamment pleins d’eau ; la garnison
se compose de six cents hommes, pour la plupart Javanais.
Le quartier occupé par les Malais s’étend sur le bord de la mer,
et dans le nord de la citadelle ; il est très-peuplé et plein de
vie. Notre présence mettait surtout en mouvement les marchands,
qui s’empressaient de nous présenter des kriss, des lances et
d autres objets dupays. A la suite de ce campong , vient celui qu’habitent
les Bouguis, peuple industrieux et surtout navigateur. Au
sud du fort, et toujours parallèlement au rivage, existe un nouveau
village qui s’accroit journellement; il est occupé par
les individus q u i, fatigués de vivre sous le despotisme, sont venus
chercher une existence plus tranquille auprès des Européens.
Les femmes bouguis, surveillées de près par les hommes, sont,
dit-on, chastes et fidèles; mais il n’en est pas de même des Malaises,
qui se livrent avec ardeur à tous les excès de la prostitution.
Une femme du peuple , à ce que l’on m’a assuré, ne
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