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1839. Aviil.
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qui avance légèrement dans le port que se trouve
Fictoria-Town. Le meilleur mouillage est à peu de
distance de ce promontoire qui le domine; il est
occupé par la gabare VAlligator, avec laquelle le
commandant Bremer est venu poser les bases de cet
établissement.
Nous avions à peine laissé tomber notre ancre et
serré nos voiles, que j’expédiai le grand canot sous
les ordres d’un officier chargé d’aller saluer, de ma
part, le gouverneur anglais, et lui annoncer ma visite
pour le lendemain. Plusieurs officiers profitèrent
aussi du canot anglais qui était venu hier nous rejoindre
au mouillage pour aller visiter la colonie;
quant à moi, je terminai ma journée par une promenade
à terre en compagnie du capitaine Jacquinot.
A trois heures je débarquai sur la pointe Record, à
un demi-mille de notre mouillage. Le rivage présentait
une belle plage de sable sur laquelle je remarquai
de nombreux débris de coquilles. La terre était
couverte par une forêt d’arbres assez gros, mais
très-espacés entre eux. Comme à la baie Rafles le
sol paraissait sec et aride. Bientôt aussi nous y rencontrâmes
cette prodigieuse quantité de fourmis qui
élèvent des édifices en terre d’une si grande hauteur
(trois à quatre mètres). Les mouches ne nous laissaient
pas un instant de repos ; à leur tour les moustiques
vinrent nous poursuivre, et finirent par nous
chasser promptement des lieux qu’ils semblaient nous
disputer. Vainement, pour nous mettre à l’abri de
ces insectes fatigants, nous essayâmes de nous plonger
dans l’eau de la mer : là nous rencontrâmes encore
des ennemis de nouvelle espèce. C’étaient de
petits crustacés qui se collaient sur notre corps en
nous piquant comme avec des aiguilles ; nous fûmes
forcés de vider les lieux et de venir chercher le
repos sur nos navires. Je m’étais embarqué dans ma
baleinière et j’allais donner le signal du départ, lorsque
j’aperçus un de nos canots monté par plusieurs
hommes qui avaient été désignés pour la pêche, jeter
leur filet à la mer et le traîner vers la plage. Je
voulus assister à leur essai, il fut couronné d’un plein
succès. En moins d’une demi-heure nos pêcheurs
eurent ramassé plus de cent cinquante livres de poisson
d’une excellente qualité. Si toute la côte nord
de l’Australie est aussi poissonneuse que celle de la
baie Rafles et du havre Essington, ces rivages sont
sans contredit ceux oû le poisson est le plus abondant.
Il était onze heures du soir lorsque notre grand canot
rentra à bord. Il ramenait ceux de MM. les officiers
qui étaient allés visiter la colonie. Ils avaient
été reçus avec une cordialité dont aucun ne pouvait
se taire. Ils étaient chargés par le commodore
Bremer de me rappeler qu’il nous attendait le lendemain
, et qu’il se faisait une fête de nous recevoir
dans son petit gouvernement.
J’ai déjà eu foccasion de dire combien la chaleur
excessive de ces contrées est gênante, et souvent
fatale, pour le promeneur qui ne trouve sous les
arbres qui garnissent le sol de l’Australie qu’un abri