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 Teau ,  on  amarre un  fort hameçon, lequel est  tenu par une corde  
 dont  le bout est à  terre. Ceci fait,  on prend un roquet auquel on  
 tire  les oreilles pour le faire  crier ;  le  caïman,  attiré par les  cris,  
 se montre  à la surface  de Teau ;  il aperçoit  alors  le  cadavre flottant  
 ,  se dirige vers lui  et l’engloutit d’un seul  coup ;  mais, dans  
 sa  voracité,  il n’a pas vu l’hameçon qui lui arrache les entrailles.  
 Le  monstrè  fait  des  efforts  inouïs  pour  s’échapper, mais il ne  
 fait que se déchirer plus cruellement. Des hommes apostés halen^  
 alors fortement  sur la  corde et l’amènent  à  terre  où  on  le tue à  
 coups  de  lance.  Un  officier  hollandais  qui,  dans  son  horreur  
 pour ces  animaux,  les appelait, avec un accent batave fortement  
 prononcé,  de  filaines ganailles,  nous raconta à leur sujet l’anecdote  
 suivante. 
 Un caïman d’une taille énorme était vu depuis quelque temps  
 rôdant  sous les pilotis de la case d’un Chinois. On lui  avait tendu  
 maints pièges,  mais  toujours  sans succès.  Un  soir que le  fils du  
 Chinois,  jeune enfant de six ans,  jouait sur la plage ,  le monstre  
 apparut,  saisit  le  pauvre  petit  et  l ’entraîna  sous  Teau.  Le père  
 ne versa pas une larme,  on ne l’entendit proférer aucune plainte,  
 mais  il  n’eut  plus  qu’une  pensée, celle  de  la vengeance. Après  
 bien des  efforts  infructueux,  il  finit  par prendre le  ravisseur et  
 trouva  moyen  de  Tamarrer  solidement  à  deux  fortes  poutres.  
 Puis ,  chaque jour,  à l ’heure  où son pauvre  enfant lui avait été  
 enlevé, on le voyait s’armer  d’une  lance  et  en porter un  coup  à  
 l ’animal.  Pour  que  la faim  ne  vînt pas lui enlever  sa  victime ,  
 il lui jetait de la pâture.  Le caïman résista longtemps  et finit par  
 succomber  criblé de blessures. 
 (M. Demas.) 
 Note  40,  page  228. 
 On a profité de l’espace qui sépare le fort Rotterdam de la ville  
 de  Makassar  pour  en  faire une  délicieuse promenade ;  mais  je 
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 crois  que  les navigateurs  étrangers sont  les  seuls  à  en  profiter  :  
 le  Hollandais  des  Indes,  abâtardi peut-être par  les fortes  chaleurs  
 de  ces climats, préfère  sa  galerie  à  colonnades avec le far  
 niente qu’il y trouve au milieu de  ses domestiques  esclaves. 
 La  résidence du gouverneur donne sur  cette belle avenue,  au  
 bout de laquelle  on rencontre,  à  gauche ,  les  cimetières  européens  
 et chinois, e t ,  à droite,  un petit  fortin  assez  insignifiant.  
 J’ai visité ces deux champs de repos  et de sommeil ;  mais je n’ai  
 jamais si bien compris  combien  était  grande  la  vanité de  ceux  
 qui s’endormaient en croyant laisser sur  la terre un regret,  un  
 long souvenir !  Il  y  avait  l à ,  parmi  ces  tombes  européennes,  
 trois  vieux  et  splendides monuments de  gouverneurs ;  mais je  
 cherchai inutilement,  parmi  ces  épitaphes,  ces  quelques  mots  
 qui révèlent une  véritable  affection ;  sur ces pierres  funéraires,  
 une couronne, une fleur,  pour attester qu’après la mort, un fils,  
 une mère vient pleurer  encore sur vous  I 
 Ce  n’était  partout  qu’un  amas  confus  de  ronces et de hautes  
 herbes,  parmi  lesquelles il  devenait  même difficile de se  frayer 
 un passage ;  et cependant,  il y avait  là des dates  d’un  mois...... 
 Le souvenir de Thomme passe-t-il donc si vite ! 
 J’ai  mieux  aimé  encore  l’ostentation  chinoise.  Près  de  ces  
 grandes plates-formes elliptiques, dallées avec so in , et au milieu  
 desquelles  s’élève  ce  petit  monument  en pierre qui  contient  le  
 cercueil,  on  a  eu  soin  de  construire  une  cabane en  bambous.  
 C’est  tout  simplement un  toit léger  jeté  sur un  système d’échafaudage  
 semblable à  celui qui soutient les maisons des indigènes  
 de Makassar  :  c’est  sous  ce léger  abri que  les  Chinois viennent,  
 à  certaines époques,  se rappeler et pleurer le défunt. 
 Un  gardien,  payé  par  les  parents  du  mort,  habite le  plus  
 souvent une case des environs,  et  il  est  chargé d’entretenir avec  
 soin le tombeau de famille. Aussi,  sur ces plates-formes, défendues  
 par une petite muraille  de deux  pieds  environ ,  on  trouve