1839.
Mai.
notre inaction pour nous amener, à la chute du jour,
près de File Deer, à trois lieues seulement de Makassar.
Je persistais toutefois à conduire nos navires au
mouillage le même soir, lorsque nous aperçûmes devant
nous un grand nombre de poteaux qui simulaient
des balises, indiquant un haut-fond. Je n’avais
pas le temps d’envoyer les canots pour éclairer la
route ; je renvoyai donc cette corvée au jour suivant,
et laissai tomber l’ancre.
Le lendemain les officiers envoyés en reconnaissance
trouvèrent des profondeurs d e là et de 15 brasses
autour de ces pieux mobiles, qui eux-mêmes ne
touchaient point au fond. Ces espèces de balises qui
nous avaient arrêtés la ve ille , étaient simplement de
longs bambous surchargés d’un poids à une des extrémités,
qui les retenait mouillés comme s’ils touchaient
au fond. Le poisson parait aimer beaucoup à vivre dans
le voisinage de ces bâtons flottants, q u e , les pêcheurs
sèment en grande quantité sur la mer; ils servent
à marquer les points oû ils doivent se porter pour
faire des captures importantes. Des centaines d’embarcations
se détachaient de la côte et se dirigeaient
sur ces lieux de pêche lorsque nous appareillâmes.
Nous eûmes bien vite franchi les trois lieues'qui nous
séparaient à peine de Makassar, et après avoir contourné
les bancs de sable, découverts en partie, qui
défendent la rade et en limitent l’entrée, nous vînmes
mouiller sous le fort Rotterdam à environ un demi-
mille de la côte, par 11 brasses fond de sable vasard.
Notes 34 et 35.
CHAPITRE XLYII.
Séjour à Makassar. Traversée de Makassar à Batavia, mouillage près
tanjong Salatan (île Borneo).
La rade de Makassar, formée par la côte de
Célèbes sur le bord de laquelle s’étend la v ille , et
par des bancs à fleur d’eau qui la défendent contre les
mers du large, présente un abri excellent par tous les
vents possibles. Son aspect est des plus riants ; si on ne
retrouve point ces accidents de terrain qui se présentaient
d’une manière si pittoresque aux mouillages
précédents, du moins la vue y est très-variée. La
terre de Célèbes est plate sur les bords de la mer ;
les hauts sommets qui ont dû former la charpente de
F ile , s’élèvent au loin à une grande distance, mais les
habitations malaises dont le quartier prolonge la mer,
les hautes murailles du fort Rotterdam garnies de
canons qui commandent la rade, les bosquets d’arbres,
qui dans le sud abritent de jolies cases assises
sous leur ombrage sur la ligne du rivage, les petites
îles qui s’élèvent comme des oasis au-dessus de Fho-
1838.
22 Mai.
Pl. CXXIX.
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