ensuite de chercher une aiguade où l’eau fût bonne
et facile à faire, afin de compléter notre provision,
A cet effet les chaloupes côtoyèrent le rivage de
la baie, à la recherche de l’embouchure d’un ruisseau.
Sur remplacement choisi par les Hollandais
on ne trouve point d’eau douce, la rivière ne donne
que de l’eau saumâtre à son embouchure, et elle est
trop rapide pour la remonter avec nos lourdes embarcations.
D’un autre côté, les cours d’eau qui
prennent leur source dans les montagnes environnantes
viennent presque tous se mêler à la mer
au-dessous du niveau des marées hautes, de sorte
qu’il fallut toute la journée pour trouver enfin au
fond du port une aiguade assez abondante et parfaitement
bonne.
Dès six heures du matin, je descendis à terre. J’étais
curieux de voir ce qui restait des constructions
hollandaises, abandonnées depuis cinq ans seulement
par leurs fondateurs. Je pris pied sur le petit
môle dont il a déjà été question. H est fait en pierres
sèches et il était encore bien conservé. Une allée de
cocotiers, dont l’alignement régulier attestait qu’ils
avaient été plantés par les Européens, s’étendait le
long du rivage. Leurs troncs étaient déjà très-forts,
quelques-uns étaient chargés de quelques fruits qui
devinrent le profit de ceux de nos hommes qui descendirent
les premiers. Une touffe de citronniers s’élevait
à peu de distance ; ces arbustes étaient littéralement
couverts de citrons excellents, dont nos
deux équipages purent aussi profiter. Un four en maçonnerie
était tout ce qui restait en assez bon état de
conservation des constructions européennes; je remarquai
en outre les restes probables d’un puits, et
quelques massifs de maçonnerie de fondation. On
suivait encore facilement les traces d’une route ou
d’une allée assez large, mais peu étendue, et qui
partait du bord de la mer pour se diriger vers le
pied de la montagne. Déjà même cette allée était envahie
de tous côtés par des arbres qui atteindront
bientôt des hauteurs colossales, grâce à la vigueur
remarquable de la végétation dans ces pays, les plus
riches des tropiques. L’emplacement où naguère
les Hollandais allumèrent leurs feux, est envahi
par des herbes épaisses et des arbustes touffus,
qui couvrent le sol et feront avant peu disparaître
toutes les traces du passage des Européens. Je ne vis
nulle part rien qui pût faire supposer que les naturels
profitèrent des travaux des Hollandais après
leur abandon. Ces lieux me parurent tout à fait déserts,
et il est peu probable que les Papous soient
venus s’y fixer. Il ne restait plus rien de toutes
les plantes utiles que les Européens durent y apporter
à leur suite. Je dois cependant noter que
nos matelots y récoltèrent des piments, mais je ne
saurais dire si cette plante avait poussé sur le sol par
suite des cultures européennes, car on la trouve
aussi dans toutes les îles placées dans les zones
tropicales.
J’avais terminé d’examiner toute la partie du
sol défriché, la forêt rendait impossible toute ten