vaux généraux de l’établissement et de la culture de
leurs jardins particuliers. Les casernes et les bâtiments
destinés au logement des officiers militaires
n’étaient point encore terminés, les ouvriers y travaillaient
avec activité.
Comme les soldats, chacun des officiers avait construit
de petites habitations d’attente ; une des plus jolies
était sans contredit celle de M. Bremer fils, jeune
homme plein d’intelligence et d’activité ; enfin, nous
allâmes rendre visite à M. Priest, lieutenant des
troupes de marine. Cet officier était occupé à mettre
en ordre la petite maisonnette qu’il s’était construite
lorsque nous y arrivâmes. M. Priest emploie tous ses
loisirs à fétude de l’histoire naturelle ; depuis son séjour
à Essington il avait déjà collecté une grande quantité
d’échantillons d’un grand prix pour la science par
leur rareté et même par leur nouveauté. Il nous fit
les honneurs de sa demeure avec une grâce parfaite,
et se hâta de nous montrer son petit musée déjà
riche d’un grand nombre d’objets. Il poussa la générosité
jusqu’à m’offrir plusieurs pièces d’histoire
naturelle que j’acceptai avec reconnaissance pour la
mission. J’avais admiré surtout chez M. Priest un petit
acrobate sciurien, vivant, d’une espèce très-rare; ses
formes étaient si jolies, sa fourrure si belle que je
ne pouvais me lasser de le regarder. Cet officier
s’empressa de me l’envoyer; longtemps il fut mon
compagnon de voyage, mais sans jamais s’apprivoiser.
Bien qu’il reconnût facilement la main qui
lui apportait sa nourriture quotidienne, il ne cessa
de faire entendre un petit grognement par lequel il
traduisait ordinairement sa mauvaise humeur lorsque
l’on approchait de la cage où il était renfermé.
Plus tard, après une longue captivité, son poil devint
moins lustré, dans une nuit même il fut attaqué
par les cancrelats dont il ne se défendait plus, sa queue
fut endommagée par ces insectes, et malgré tout le
désir que j’avais de le conserver vivant pour l’apporter
en Europe, je me trouvai dans la nécessité de le
faire tuer afin de conserver son corps pour le Jardin
des Plantes.
En quittant M. Priest, nous allâmes faire une visite
au camp malais ; nous y rencontrâmes les pêcheurs
se préparant à lever l’ancre, et nous* revînmes en
visitant les parcs à bestiaux. Une vingtaine de buffles,
quelques chèvres et quelques moutons, plusieurs
chevaux de trait y étaient réunis. Les Anglais avaient
apporté avec eux une très-grande quantité de volailles,
mais au bout de quelques jours toutes avaient
pris leur vol dans la forêt oû on en rencontrait encore
quelques-unes à féta t sauvage. La crainte qu’ils
avaient que leurs bestiaux ne leur échappassent de la
même manière, faisait qu’ils ne les sortaient jamais
du lieu oû ils étaient parqués ; chaque jour on apportait
à ces animaux l’herbe qui leur était nécessaire
pour leur nourriture, mais il ne leur était jamais
permis de paître en liberté.
Cette partie de l’Australie est la patrie d’une foule
de serpents ; on y rencontre en grande quantité une
espèce de boa de très-grande dimension ; souvent les