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saurait résister à Targent ; celle de sang plus noble succombe
presque toujours à Tappât des cadeaux et des présents. H y a ,
sans doute, quelque exagération dans ce tableau : aussi je ne m’en
rends nullement garant, je ne fais que rapporter ce qui m’a été
dit par des personnes établies dans le pays depuis quelque temps.
Outre que la rade de Makassar offre un mouillage sûr aux
bâtiments pendant les deux moussons, cette relâche est excellente
pour les équipages, qui y trouvent en abondance, et à vil
p r ix , de bons rafraîchissements. Le poisson , la volaille et les
oeufs n’y coûtent presque rien : j’ai vu donner trente poules assez
belles pour moins de douze francs, et neuf canards pour une
gourde d’Espagne. Les pommes de terre y sont communes et de
bon g oû t, les haricots y réussissent parfaitement, et les courges
s’y trouvent en grande quantité : Ton peut également se procurer
de la salade , des aubergines , des oignons, des épinards et quelques
autres légumes.
Il est plus difficile d’obtenir de la bonne viande de boucherie ;
elle est en général de mauvaise qualité : l’on ne tue ordinairement
que des buffles du pays, dont la chair coriace et dure a , en
outre, un goût musqué et désagréable. Le mouton, quoique
moins mauvais, est maigre et peu savoureux. Une fois par semaine,
l’on abat un boeuf de race européenne, seulement pour
la table des autorités et des personnes à Taise ; cette circonstance
est annoncée par une liste que Ton fait circuler, et sur laquelle
chacun s’inscrit pour la quantité qu’il veut prendre. Le prix en
est assez élevé.
Un navire peut aisément, et en peu de temps, remplacer
son eau, en ayant soin de demander l’autorisation de la faire
dans les puits que contient le fort Rotterdam, où elle est de
bonne qualité, et bien supérieure à celle que Ton trouve dans
d’autres parties de la ville.
{M. Jacquinot.)
NOTES. 323
Note 3 7 , page 228.
Makassar est le chef-beu des possessions hollandaises dans l ’île
de Célèbes, c’est la résidence d’un gouverneur particulier dont
la juridiction s’étend sur la côte Est de Célèbes, sur tout le territoire
des royaumes de Boni et de Goa et sur les îles Bouton et
Salayer; les Hollandais, malgré leur petit nombre, tiennent sous
leur dépendance médiate ou immédiate, la population entière
de cette gi-ande île qui s’élève à près de deux millions d’habitants.
H a fallu soutenir bien des guerres et suivre une politique persévérante
et habile pour parvenir à un pareil résultat dans un
pays habité par des races belliqueuses et supérieures aux Javanais.
Le gouvernement hollandais y est arrivé aujourd’hui ; il
jouit actuellement d’une paix parfaite, et il a acquis tant d’influence
sur les populations voisines de Makassar, que celles-ci
viennent se ranger spontanément sous son autorité , la préférant
a celle de leurs propres chefs ; plusieurs de ces chefs ont offert
leurs Etats aux émissaires de la Compagnie, en demandant à échanger
leurs droits souvent stériles de souverains indépendants,
contre les hautes fonctions si bien rétribuées de princes au
service de la Compagnie et n ’administrant qu’en son nom. Les
Hollandais ont tant d’autres établissements et tant de charges de
ce genre, qu’habituellement ils ne veulent prendre les princes à
leurs gages que quand ils les croient trop forts pour qu’on puisse
compter autrement sur leur alliance ; ils s’attachent peu aussi à
faire produire à cette île tout ce qu’ils pourraient en tirer, ils ne
regardent les points qu’ils y occupent, que comme des postes
militaires ; ils exceptent la province de Manado , habitée par
un peuple tout différent, et qui dépend d’un autre gouvernement
que celui de Makassar.
Si cette colonie ne leur rapporte rien, elle subvient au moins