Î830.
Mai.
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rivé dans la maison de Safi-Rouddin, qu’il me présenta
ses richesses consistant en quelques coquilles;
un petit casoar vivant, et deux ou trois petits animaux
de Java, dont il demandait des prix exorbitants.
Il ne me fut pas difficile de deviner le but de l’insistance
apportée par ce rusé marchand à me conduire
à son habitation ; certes, jamais hospitalité ne
fut moins franche ni plus intéressée ; je l’avais comblé
de présents , et j’eus bien de la peine à obtenir de ce
chef un coco pour étancher ma soif, bien que l’on
pût remarquer dans le village et dans les environs
une prodigieuse quantité de cocotiers, dont les fruits
paraissaient très-peu recherchés. Enfin, quand il vit
que je trouvais trop onéreux les marchés qu’il me
proposait sans cesse, il me conduisit à son parc aux
chèvres.
Il se composait de trois cases entourées par un
mur en pierres sèches. Désireux de pouvoir don-
ne-r de la viande fraîche à nos’ équipages pour qui
je redoutais toujours les influences du scorbut,
j ’achetai quatre de ces animaux que je troquai contre
deux fusils de munition. Sans doute Safi-Rouddin
faisait déjà une excellente affaire, et cependant
il paraît que le soir même, lorsque déjà possesseur
du prix convenu, il dut livrer deux de ces
animaux à la Zélée, il chercha à éluder le marché :
« Mais quand il fallut le soir remplir ses conven-
« tions, dit M. Dubouzet, cet Orang-Kaya se mon-
« tra un rusé coquin, d’une cupidité au-dessus
« de tout ce que l’on pouvait imaginer. 11 nous
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« offrit un digne portrait de ces Orang-Kayas dé-
« crits par les anciens voyageurs comme des hom-
« mes de la plus insigne mauvaise foi , comme de
« véritables fléaux pour les administrés, aux dépens
« desquels ils cherchent toutes les occasions de s’en-
« richir. »
Safi-Rouddin, satisfait de ma condescendance à lui
prendre ses chèvres à un prix aussi élevé, me reconduisit
ensuite chez lui pour m’engager à faire de
nouveaux marchés; j’en profitai pour l’interroger ;
j’appris de ce chef que l’intérieur de l’île était habité
par de nombreuses hdmàe^arafouras, qui, disait-il, dé-
pendaienten partie de son autorité. Il m’apprit encore
que le mouillage était assez souvent fréquenté par
les Anglais et les Américains à qui il vendait des
vivres, et des coquilles dont il connaissait très-
bien la valeur. En débattant ses prix, et en voyant
que je ne voulais point lui accorder ce qu’il exigeait,
il finit par me demander si je passerais plusieurs
jours au mouillage, puis sur ma réponse affirmative,
il me laissa me retirer tranquillement , comptant
qu’il serait toujours à temps de rabattre ses’
prétentions le jour du départ, et d abandonner
alors une partie de sa pacotille au dernier enchérisseur.
Nous ne passâmes que deux jours au mouillage
mais ils furent utilement employés. De grand matin
, M. Gourdin commença à lever le plan de la
baie et à en sonder la profondeur. Des observations
furent faites à terre par MM. Dumoulin, Demas
1839.
Mai.
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