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 Mai. 
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 rivé  dans  la  maison  de  Safi-Rouddin,  qu’il  me  présenta  
 ses  richesses  consistant  en  quelques  coquilles;  
 un petit casoar vivant,  et deux ou trois petits animaux  
 de  Java,  dont  il  demandait  des  prix  exorbitants.  
 Il  ne  me  fut  pas  difficile  de  deviner  le  but de  l’insistance  
 apportée  par  ce  rusé  marchand à  me  conduire  
 à  son  habitation ;  certes,  jamais hospitalité ne  
 fut moins franche ni plus intéressée ; je l’avais comblé  
 de présents  ,  et j’eus bien  de la peine à  obtenir de  ce  
 chef  un  coco  pour  étancher  ma  soif,  bien  que  l’on  
 pût  remarquer  dans  le  village  et  dans  les  environs  
 une prodigieuse quantité de  cocotiers, dont les fruits  
 paraissaient  très-peu  recherchés.  Enfin,  quand  il  vit  
 que  je  trouvais  trop  onéreux  les  marchés  qu’il  me  
 proposait  sans  cesse,  il  me conduisit  à  son parc aux  
 chèvres. 
 Il  se  composait  de  trois  cases  entourées  par  un  
 mur  en  pierres  sèches.  Désireux  de  pouvoir  don-  
 ne-r  de  la  viande  fraîche  à  nos’  équipages  pour  qui  
 je  redoutais  toujours  les  influences  du  scorbut,  
 j ’achetai quatre  de  ces  animaux  que je  troquai  contre  
 deux  fusils  de  munition.  Sans  doute Safi-Rouddin  
 faisait déjà  une  excellente  affaire,  et  cependant  
 il  paraît  que  le  soir  même,  lorsque  déjà  possesseur  
 du  prix  convenu,  il  dut  livrer  deux  de  ces  
 animaux  à  la  Zélée,  il  chercha  à  éluder  le marché  : 
 « Mais  quand  il  fallut  le  soir  remplir  ses  conven-  
 «  tions,  dit M.  Dubouzet,  cet  Orang-Kaya  se  mon-  
 «  tra  un  rusé  coquin,  d’une  cupidité  au-dessus  
 «  de  tout  ce  que  l’on  pouvait  imaginer.  11  nous 
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 «  offrit  un  digne  portrait  de  ces  Orang-Kayas  dé-  
 «  crits  par  les  anciens  voyageurs  comme  des  hom-  
 « mes  de  la  plus  insigne mauvaise  foi ,  comme  de  
 «  véritables  fléaux  pour les  administrés, aux  dépens  
 «  desquels ils  cherchent  toutes  les occasions de s’en-  
 «  richir.  » 
 Safi-Rouddin,  satisfait de ma condescendance à  lui  
 prendre  ses  chèvres  à  un  prix  aussi  élevé,  me  reconduisit  
 ensuite  chez lui  pour m’engager à  faire  de  
 nouveaux  marchés;  j’en  profitai  pour  l’interroger  ;  
 j’appris de  ce chef que  l’intérieur de l’île  était  habité  
 par de nombreuses hdmàe^arafouras, qui, disait-il, dé-  
 pendaienten partie de son autorité. Il m’apprit encore  
 que  le  mouillage  était  assez  souvent  fréquenté  par  
 les  Anglais  et  les  Américains  à  qui  il  vendait  des  
 vivres,  et  des  coquilles  dont  il  connaissait  très-  
 bien  la  valeur.  En  débattant ses  prix,  et  en  voyant  
 que je ne  voulais point  lui  accorder ce qu’il exigeait,  
 il  finit  par  me  demander  si  je  passerais  plusieurs  
 jours  au  mouillage,  puis  sur ma  réponse  affirmative, 
   il  me laissa me  retirer  tranquillement ,  comptant  
 qu’il  serait  toujours  à  temps  de  rabattre  ses’  
 prétentions  le  jour  du  départ,  et  d abandonner  
 alors  une  partie  de  sa  pacotille  au  dernier  enchérisseur. 
 Nous  ne  passâmes  que  deux  jours  au  mouillage  
 mais  ils  furent  utilement  employés.  De  grand  matin 
 ,  M.  Gourdin  commença  à  lever  le  plan  de  la  
 baie  et à  en  sonder  la  profondeur.  Des  observations  
 furent  faites  à  terre  par  MM.  Dumoulin,  Demas 
 1839. 
 Mai. 
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