ffL IV.
^ quelques coquilles curieuses comme volutes, terebra-
tules, etc.
Ceux qui ont eu le courage de lire les prétendus
voyages de l’américain Benjamin Morrell peuvent se
rappeler qu’il dit avoir visité, en 1827 (juin), les
ruines de l’ancienne Philippe ville, fondée par Sarmiento,
qu’il avait reconnu ses remparts, ses forts,
son église, sa prison, etc. ; il termine même en déclarant
qu’il faudrait peu de travail pour remettre tout
sur pied.
Dès leur apparition, les récits de Morrell m’avaient
paru empreints d’un caractère d’exagération bien
évident ; toutefois, comme il s’y trouvait en même
temps des choses vraies, je n ’avais pas encore
acquis la certitude que M. Morrell pût débiter avec
tant d’assurance des contes entièrement faux. J’avais
communiqué aux officiers des deux bords le
passage de l’Américain relatif aux ruines en question,
et les avais priés de me faire part des découvertes
qu’ils pourraient faire en ce genre. Rien ne fut découvert
qui ressemblât à des ru in e s, dans le rayon qu’ils
parcoururent en tous sens , tout autour du mouillage,
et il était bien impossible que rien d’important eût
échappé à des investigations si multipliées. Cependant
la plupart partagèrent ma conviction sur ce point,
que l’établissement espagnol n ’avait pu être placé que
sur un monticule de forme oblongue, situé au bord de
la baie, à peu de distance de la rivière. En effet, ses
flancs complètement dégagés, son isolement complet,
1 esplanade qui le couronne et son heureuse exposition
qui commande tous les points d’alentour, sans
être lui-même dominé, avait dû le rendre éminemment
propre aux desseins de Sarmiento.
Je me proposai donc de fureter avec soin tous les
recoins de cette espèce de redoute pour voir si je n ’y
découvrirais pas quelques vestiges de l’ancienne colonie.
Dans ce but, sur les six heures du soir, je descendis
avec M. Roquemaurel sur la plage, à peu de
distance du coteau, puis nous nous dirigeâmes vers ce
morne et commençâmes à le gravir. Vers le milieu du
talus, que couvre un épais tapis de gazon, et souvent
des arbrisseaux rabougris, du côté de la m e r, règne
une sorte de rebord en forme de terrasse étroite où
s’élèvent trois potaux ; le premier rappelle les noms
de trois matelots de YAdventure morts dans l’hiver de
1828; le second, indique la tombe du capitaine du
brick Actéon de Greenwich, mort en 1829 ; enfin sur
le troisième, devait se trouver une plaque en cuivre
qui aura été enlevée. De là, nous passons au sommet
qui offre un beau plateau assez uniforme. Après l’avoir
traversé, nous nous assurons que le revers de ce
monticule est escarpé du côté de l’intérieur. A sa base
règne encore une plaine bien dégagée jusqu’aux limites
d elà forêt, éloignée d’un demi-mille environ.
Ainsi ce coteau était parfaitement isolé de toute
p a r t, la partie seule qui regarde le fond de la baie
offre une pente moins roide ; encore serait-il facile
de le défendre avec une forte palissade.
Nos plus minutieuses investigations ne nous firent
rien découvrir qui parût avoir appartenu à l’ancien
1837.
Décembre.
■ i J f