Décembre ^ron fi11* se proposaient de gravir les monts voisins
pour aller à la recherche du volcan Soupçonné la veille.
En même temps M. La Farge, d’après mon ordre, est
chargé du travail relatif à la baie Fortescue.
L’entrée du Port-Galant est très-pittoresque, et ses
rives offrent encore de beaux arbres bien qu’inférieurs
par leurs dimensions à ceux de Port-Famine. Les
monts qui entourent ce joli bassin sont évidemment
trop élevés, trop rapprochés et couverts d’une neige
trop constante pour que la température n ’y soit pas
p i . v i i . plus basse que dans les régions plus orientales.
L’échelle des marées est établie sur la plage en face
des corvettes, et les chefs de timonnerie chargés de
ces observations, mesurent la hauteur du niveau des
eaux de dix minutes en dix minutes, comme cela s’est
déjà fait à Port-Famine, et doit se faire durant tout le
cours de la campagne. Aussitôt que j ’eus déjeûné,
malgré mes fatigues de la nuit dernière, vers neuf
heures et demie, accompagné de M. Le Breton, je me
fis débarquer sur la rive droite du Port-Galant, que
borde une assez jolie grève. Là je mesurai une base
au micromètre pour le travail de M. Gourdin, et je
recueillis quelques plantes. Puis, laissant sur ce point
M. Le Breton occupé à prendre une vue de l’îlot Wigwam
et de la montagne de la Croix qui le domine, je
me suis transporté au fond de la baie.
Accompagné de mon domestique Joseph, je m’enfonçai
sur les bords d’un torrent assez large, rapide,
mais peu profond, alimenté par la fonte des neiges
qui couronnent les pitons d’alentour.
Dans les terrains tourbeux qui avoisinent ce torrent,
il faut marcher avec beaucoup de précautions, car il
s’y trouve fréquemment des fosses profondes d’un
mètre ou deux, que dissimule l’épais tapis qui les recouvre,
et l’on pourrait se blesser assez grièvement
dans ces espèces de chausse-trape. Du reste, j’y trouvai
avec plaisir une espèce de conifère assez semblable au
cyprès pour l’aspect, mais dont les tiges étaient presque
toujours rabougries et même mutilées par l’effet
du vent; j ’y recueillis quelques fougères et plusieurs
cryptogames qui ne s’étaient pas encore montrés à
mes yeux. Au reste, il y a très-peu d’oiseaux, je n ’y vis
pas un seul insecte, et la pêche des coquilles y fut
aussi moins fructueuse qu’à Port-Famine.
J ’allai reprendre M. Le Breton près de la rivière de
l’Est, et je dois mentionner que cette rivière, comme
la précédente, à moins d’un mille du rivage, se présente
sous la forme d’une belle cascade, descendant
perpendiculairement de 15 à 20 mètres de hauteur,
ce qui est un beau spectacle à contempler de près;
mais pour y arriver, il faut traverser des bois très-
fourrés et parfois presque impénétrables.
Je passai ensuite sur l’îlot de Wigwam, charmant
bouquet d’arbre situé entre les deux baies ; ces plages
en grande partie sablonneuses sont tapissées par des
espèces de plantes appartenant à la famille des composées,
l’une semblable à Y Aster maritïmum, a des
fleurs variées de bleu et de violet; et l’autre approchant
des doroniques, a de belles fleurs jaunes : ces
deux plantes y croissaient avec une telle abondance
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Décembre.