route du Port-Famine, et rencontrons beaucoup de fossiles, non
loin de la pointe Santa-Anna. A cinq heures, j’étais de retour ; je
me jette sur mon dîner, et termine, en m’étendant sur mon hamac,
la plus agréable journée que j’aie encore passée à Magellan.
(Af. Gervaize.)
Note 46? Pa g e
De l’endroit où nous étions mouillés, on distinguait plusieurs
pics couverts de neige, sur l’un desquels le capitaine King était
monté, lors de son voyage d’exploration dans le détroit de Magellan.
Le récit qu’en avait fait cet habile officier anglais excitait au
plus haut point l’enthousiasme de nos géologues et de nos naturalistes
: une expédition fut donc décidée et arrêtée pour le
24 décembre. Nos savants s’y rendirent, les uns armés d’un baromètre,
pour en déterminer la hauteur ; ceux-ci, de pioches et de
marteaux géologiques ; ceux-là, de tout ce qu’il fallait pour recueillir
et conserver des plantes, des insectes, des coquilles terrestres.
Le plus haut pic avait été déclaré inaccessible par les
Anglais, et nos explorateurs le trouvèrent également défendu par
des forêts impénétrables et d’inaccessibles marais : on fut donc
obligé de se contenter du plus voisin, et de celui que King avait
déjà visité. On employa deux jours à faire ce pèlerinage difficile
et pénible. La hauteur de ce morne fut déterminée barométri-
quement, et on trouva qu’elle était de 668 mètres. Quant à la
géologie et à la botanique, elles y récoltèrent peu de chose ; quelques
échantillons de pierres assez insignifiantes ne compensèrent
pas les fatigues de quarante-huit heures de marche, et la flore de
ces montagnes n’offrit qu’une bruyère étiolée, assez semblable à
celle qu’on rencontre dans nos gorges alpines. On remarqua seulement
quelques traces d’animaux à poil, mais sans pouvoir détei’-
miner l’espèce à laquelle ils appartenaient.
(A/. Maresco!
Note 47» page 1 14.
Pour rendre complètes les obsei’vations que nous fûmes à
même de faire pendant notre séjour au Port-Famine, nous aurions
vivement désiré y voir venir quelques naturels, soit du
continent, soit de la Terre de Feu. Nous savions que ces derniers
fréquentaient quelquefois la côte de Patagonie, dans leurs pirogues
, et noué vîmes à plusieurs reprises , dans les environs du
Port-Famine, des traces de leur passage, quelques débris de cabanes
construites par eux au milieu des broussailles, en coupant
les branches du milieu et en réunissant toutes les autres en forme
de berceau. Sous ces huttes, qui annoncent bien peu d’industrie
chez ceux qui les avaient construites, on remarquait des amas de
coquilles et des dents de veaux marins, dont on sait qu’ils se
nourrissent. Mais jamais nous ne fûmes assez heureux pour voir
arriver une de leurs pirogues vers nous. Plusieurs officiei’s des
corvettes entreprirent des expéditions lointaines du côté du nord,
en suivant la côte, dans l’espoir de trouver des endroits habités
par les Patagons ; mais des difficultés insurmontables pour tous
les empêchèrent d’aller aussitloin qu’ils l’auraient désiré, et ils
revinrent sans avoir rien vu, si ce n’est quelques wigwams abandonnés
par les Pécherais. D’autres, désireux de connaîti’e la nature
du pays, au-delà des montagnes qui bordaient notre horizon,
gravirent un jour le mont Tai’n, avec tous les instruments
nécessaires pour mesurer sa hauteur et faire des obsei’vations de
physique, et manquèrent en partie le but de leur voyage 5 car la
brume et la pluie, qu’ils eure'ùt presque constamment au sommet,
les empêchèrent de rien voir; et ils revinrent exténués de fatigue,
après avoir passé une nuit pénible, presqu’au sommet de cette
montagne, exposés à un froid très-vif, quoique son élévation ne
dépasse pas 1200 mètres. L’histoire naturelle seule profita donc
de toutes ces excursions, et nos naturalistes, pendant leur séjour^