qui agitent l’atmosphère, pénètre jusqu’à une certaine profondeur
dans le massif d’arbres qu’il entoure et donne aliment à
toutes les broussailles parasites que la végétation lui présente.
Arrivé à une certaine profondeur, l’air moins souvent renouvelé
ne fournit plus d’acide carbonique à tous les germes qui cou-
vrentle sol, et qui périssent faute de cet aliment. On remai’que
en effet que les accidents de terrain qui permettent à l’air une
circulation plus active dans certains lieu x , le lit d’un torrent,
une gorge entre deux monticules, dont l’entrée se présente
ouverte aux vents régnants, favorisent le développement d’une
végétation plus active. Je pense donc que la circulation de la ir
favorise le développement de la végétation des forêts. Ainsi je
n’attribue pas tant l’absence de la végétation dans la partie des
teri’es qui sont exposés, au S. 0 . dans le détroit de Magellan, a
la violence des coups de vent de cette partie, qu’à la température
de l’air que ces vents apportent et à la neige qui s’y accumule
plus que partout ailleurs, et qui y fond beaucoup plus tard.
L’abaissement de température a toujours été le plus grand ennemi
de la végétation, comme de toutes lçs fermentations possibles.*
Mais revenons à notre halte.
Après avoir allumé du feu daris le tronc d’un arbre mort,
nous passâmes l’inspection de nos provisions, et une oie, fruit
de notre chasse, plumée et préparée par nos mains, suspendue
par un fil de caret à un bâton horizontal reposant à chacune de
ses extrémités sur deux bigues, reçut une cuisson pr para Loire
devant ce feu magellanique, et fut ensuite dévorée par des
appétits non moins magellaniques.
Après un léger déjeûner, le courage nous revint aux jambes
et nous nous remîmes en route, passant alternativement de forêts
en clairières, dirigés par notre seule boussole, tirant du gibier
toutes les fois qu’il s’en présentait sur notre passage, afin d’augmenter
nos provisions.
A mesure que nous avancions, la route devenait moins aride;
la végétation moins active §vait espacé les arbres davantage.
Nous fîmes halte vers midi, afin de manger plus copieusement
q : !:■ nous ne l’a ions fait fi* matin. Le bois n’étant pas rare, nous
n’étions pas avares de feu; l’eau seule manquait, et pour nous en
procurer, nous fûmes forcés de faire un trou dans la terre et
de recueillir l’eau qui filtrait peu à peu et se rendait dans la
partie inférieure de l’excavation. Honneur à notre matelot Le-
jeune que nous avions nommé cuisinier en chef! 11 nous fit avec
des hâchis de gibier et de lard l’un des plats les plus savoureux
que j’aie mangés, même dans des temps plus favorables au développement
des sciences culinaires.
Con* nablement restaurés, nous continuâmes à gravir. La végétation
devint rabougrie. Enfin nous aperçûmes devant nous
le penchant de la montagne dégagé des grands* arbres qui jusque
là nous en avaient caché l’aspect. La boussole devint
inutile.
grandes flaques d’eau provenant de la fonte des neiges, des
mousses, des buissons parant la terre; telle est la nature d’une
plaine sur laquelle repose la dernière élévation qui conduit sur
la crête de la montagne. Nous arrivons au milieu des neiges ; la
soirée était trop avancée pour gravir au sommet le même jour.
Il fallut chercher un endroit favorable pour dîner et passer la
nuit ; nous allâmes donc nous établir au*-dessus d’une pla ine de
neige, où quelques arbustes de trois pieds de hauteur étaient
le meilleur abri que ncuis pussions trouver en ces lieux. Nous y
dinâmes tant bien que mal; mais la difficulté d’y faire du feu,
l’humidité du terrain, la température si basse, la pluie, la grêle
et les raffales nous forcèrent à quitter cette station et à descendre
quelques milles pour chercher un meilleur abri.
Nous y réussîmes, et plaçâmes notre bivouac dans un bouquet
de grands arbres; quelques-unes de ces tiges majestueuses
étaient mortes et desséchées par le temps ; nous en incendiâmes