même menacé par ses officiers et matelots. Rodrigue,
à son retour, reprit l’autorité, châtia les coupables;
mais l’expédition avorta complètement.
Cinq ans plus tard, Guttieres de Carvajal, évêque
de Plaisance, arma à ses frais trois navires, dont il
confiale commandement à Alfonse de Camargo. Celui-ci
avait pour mission de se rendre au Pérou en traversant
le détroit de Magellan. Parti de Seville au mois
d’août 1539, il mouilla, le 20 janvier 1540, près du
cap Vierge. A peine l’escadre donnait dans le second
goulet, que le principal vaisseau se jeta à la côte où il
fut brisé, et l’équipage se sauva à terre. Le second navire,
monté par Camargo, pût enfiler le détroit, et atteindre,
en très-mauvais état, leportd’Areqüipa. Enfin
le dernier vaisseau, après avoir couru plusieurs dangers
dans le détroit, alla mouiller dans une baie nommée
de los Zorras, d’après le grand nombre de renards
qu on y vit. Surpris par l’hiver, le navire y resta six
mois, puis il remit à la voile le 24 novembre pour
retourner en Europe.
François Drake, chargé par la reine d’Angleterre
Elisabeth, d’aller ravager les possessions espagnoles,
partit de Plymouth le 15 septembre, avec une flotte
de cinq navires, et le 20 août suivant, entra dans le
détroit de Magellan. Le 24, on toucha sur deux îles où
se trouvait une quantité de pingouins, et l’on en tua
3000 en un seul jour pour la provision de l’éscadre;
ces îles reçurent les noms de Saint-Georges, Saint-
Rarthélemy, Sainte-Elisabeth. Plus loin, on mouilla
près d une île où l’amiral envoya reconnaître un canal,
qui s’étendait vers le nord, où l’on trouva des sauvages
d’une taille médiocre, avec les membres bien
tournés et le visage <peint en rouge, qui se nouris-
saient de moules et de la chair des loups marins. Ce
canal paraît être celui qui porte le nom de Saint-Jé-
rôme. Le 6 décembre, Drake sortit du détroit pour
s’élancer dans la Mer du Sud.
Après Drake, vient immédiatement Pedro Sarmiento,
expédié du Callao, le 11 octobre 1579, p a rle
vice-roi du Pérou, avec deux forts navires, pour courir
à l’encontre du général anglais. Au travers d’une
foule d’exagérations et même de mensonges évidents,
Sarmiento nous a fourni, sur le détroit et sur les
terres qui l’avoisinent, des détails bien plus positifs,
bien plus étendus que tous ses prédécesseurs.
Après avoir exploré plusieurs des îles situées au
nord du cap Pillar, par le travers de l’archipel Sainte-
Croix, il fut séparé de sa conserve, qui reprit le chemin
de Lima, après avoir couru jusqu’au 58e parallèle.
Sarmiento resté seul, n ’en continua pas moins ses
recherches avec persévérance. Ayant manqué l’embouchure
ordinaire du détroit, il poussa jusqu’à 54°
sud et pénétra dans le détroit parle canal S.-Isidore.A
la pointe Santa-Anna, il éleva une croix et prit possession
du sol environnant au nom du roi d’Espagnë, non
pas, dit la relation, sans avoir soutenu, contre les sauvages
, un combat sanglant où il demeura victorieux.
C’est là qu’ayant gravi sur les montagnes, il aurait
« eu l’aspect d’une grande plaine très-agréable, semée
« de bourgades en grand nombre, de beaux édifices,
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