I»S7.
Décembre.
Pl. IX.
se prépare à l’appareillage; quand l’ancre approché
de la surface de l’eau, nous reconnaissons qu’elle a une
patte cassée, et c’est celle qui a touché le fond ; l’autre
est parfaitement nette, tandis que la chaîne est chargée
d’une boue très-adhérente. Nous sommes obligés
de rester en panne pour échanger cette ancre mutilée
contre une autre. Puis à six heures, nous faisons
définitivement route avec un vent du N. 0* indécis.
J’avais rallié cette fois la côte du sud pour la reconnaître
de plus près; mais le temps resta très-couvert,
la pluie survint et on ne put exécuter aucun
travail. Le baromètre descend à 0m, 737, et la pluie
est très-froide. Pourtant la mer est belle, plus
unie qu’avec les vents du N. E. deux jours auparavant.
 onze heures quinze minutes, nous repassons au
sud du cap Forward à moins d’un mille de distance.
Ensuite je remets le cap au N. E., chassé par une brise
d’O. S. 0 . très-fraîche; et à midi et demi je mouillais
sur la baie Saint-Nicolas, par 11 brasses, fond de
sable fin. Je filai jusqu’à 72 brasses de chaîne pour
me tenir en garde contre les rafales subites et souvent
impétueuses qui descendent du pic de Nodales.
La Zélée qui avait mouillé beaucoup trop près du
banc qui sert comme de ceinture à l’embouchure de la
rivière, fut obligée de relever son ancre pour venir se
placer près de nous; car nous occupions le meilleur
poste de la baie.
M. Duroch fut chargé de la levée du plan de la baie
dans toute sa partie méridionale, et la partie du nord
fut confiée aux soins de M. Coupvent.
Le grand canot, envoyé pour faire de l’eau à la
rivière de Gennes, ne put accoster à cause de la
marée basse ; mais il fut plus heureux pour la pêche,
car la seine rapporta ime bonne provision de poisson,
en général de petite dimension.
Je gardai tout le reste du jour le bord pour me re poser
des fatigues des journées précédentes. En outre
j ’arrêtai avec le capitaine Jacquinot pour le jour
suivant une course en canot dont le but devait être de
remonter la rivière aussi loin que faire se pourrait.
La baie Saint-Nicolas, nommée plus tard baie des
Français par Bougainville, offre un aspect infiniment
plus gracieux que celle que nous quittions. La plage
se dessine en forme d’arc très-surbaissé, bordé par un
joli rideau d’arbres d’une verdure tendre et délicieuse.
L’îlot et la rivière semblaient placés là pour ajouter encore
a l’effet du coup d’oeil. Cette dernière arrive du
fond d’une vallée qui s’enfonce très-loin dans l’ouest,
et se trouve encadrée d’un bord par la chaîne du
Tarn et de l’autre par celle de Nodales. Les flancs des
monts Nodales sont couverts de forêts et leurs cimes
sont garnies d’une neige éblouissante. Nous avons en
outre joui dans l’après-midi d’une température très-
modérée.
Pour laisser âmes compagnons un souvenir durable
de l’année nouvelle qui s’ouvrait devant nous sous de
si brillants auspices, je remis à MM. Jacquinot et Ro-
quemaurel des médailles de l’expédition, savoir 18 en