qu’on eût dit un parterre cultivé h dessein. En ce
moment le soleil dardait ses rayons avec tant de force
sur ce petit coin de terre qu’il y éleva la température
de 15 à 20° en peu de moments, aussi nous transpirions
copieusement au travers de nos vêtements d’hiver, et
cela faisait un contraste étonnant avec les glaciers qui
nous environnaient. Du reste cette chaleur insolite
fût de courte durée.
Il était quatre heures et mon estomac me conviait
déjà au retour, quand j’aperçus MM. Hombron èt
Dumoulin sur la rive opposée. Conjecturant qu’ils devaient
être fatigués de leur course et ne voyant point
de canot à portée de les recueillir, j’allai moi-même
les prendre et les ramenai à bord avec moi.
Après de grands efforts et de vaines tentatives Souvent
périlleuses, ils s’étaient approchés du piton qui
domine le fond de la baie, mais ils n ’avaient rien aperçu
qui pût ressembler à un volcan. Ce rapport serait
peu concluant, attendu que le point d’où la fumée
semblait jaillir était situé bien au-delà de cette montagne.
Une raison plus spécieuse serait qu’aujourd’hui
on n ’a plus rien revu du mouillage. Il n ’est pas du tout
impossible qu’une tribu fût établie dans une vallée
située dans cette direction, alors la fumée eût été
produite par quelque feu allumé par lès indigènes..
Quoi qu’il en soit, cette course a été utile sous les
rapports botanique et géologique !
Mon intention était de remettre immédiatement à
la voile, et dès quatre heures j ’étais debout dans ce but. J§ÊL^a
Il faisait beau temps, mais le vent était à l’ouest. Alors
je pris le parti de passer encore cette journée au mouillage.
Pour l’utiliser de mon mieux, j ’expédiai le grand
canot de la Zélée à la disposition de MM. de Montrayel
et Dumoulin pour lever le plan de la rade formée par
les îles Charles, et M. Marescot, dans le canot major,
fut chargé de celui des baies de Cordes et San Miguel.
Enfin M. Gourdin employa ce délai à prendre de
nouvelles lignes de sonde dans le bassin du Port-Galant.
Dans la matinée, M. Hombron me fit passer en
revue toutes les plantes qu’il avait rapportées de sa
course de la veille, et j ’en vis plusieurs toutes nouvelles
pour moi. Cela me donna l’envie d’aller moi-
même explorer ces régions élevées, et bien que le ciel
eût déjà mauvaise apparence, je me fis.jeter avec
Joseph sur la plage près de la corvette.
Une montagne fort haute s’élève entre les deux
baies de Fortescue et de Cordes, et se termine au
rivage en une presqu’île très-basse qui sépare ces
deux bassins. C’est par cette presqu’île que je commençai
mon excursion pour suivre une pente qui là
me semblait plus accessible que partout ailleurs.
Aussitôt que j ’eus mis pied à terre, je ne tardai
pas à découvrir une foule de petites plantes fort élégantes,
ce qui me donna beaucoup d’espoir pour le
reste de la course. Par malheur, une demi-heure s’était
à peine écoulée, lorsque la pluie commença à tomber
à verse, chassée par un vent violent et très-froid. Afin